Gerolamo Bologni (1454 – 1517) : Que le temps passe vite ! / Aetatis celeritas

Hélas ! Pauvres mortels, la vie se précipite,
S’écoule tel le cours sans retenue du Tibre,
Comme le vent d’hiver, soufflant du pôle, accourt,
Comme vers l’astre haut vole fumée légère…

Il n’y a guère encore, on me croyait enfant
– Ne portant au visage aucun trait d’homme fait :
J’évolue, mes amis me remettent à peine
– Eux dont, il y a peu, la foule me flanquait…

M’est venu sur la face un étrange portrait,
A surgi de la barbe, hirsute et indomptable.
Nous qui, il y a peu, goûtions la jeunesse,
L’heure est proche où serons des vieillards décrépits…

Étapes – qu’y peut-on ? Tous, nous sommes menés
Là où la destinée nous dénie tout retour…

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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Me miserum, praeceps aegris mortalibus aetas
Labitur, ut rapidi Thybridis unda fluit,
Ut Scythica Boreas properat brumalis ab Arcto,
Ut suprema levis fumus in astra volat.
En ego, quem puerum cuncti paulo ante putabant
Signaque cui vultus nulla virilis erant,
Immutor possint ut me vix nosse sodales,
Haerebat lateri quae modo turba meo.
Insolitam traxit facies obducta figuram
Surgit et hirsutis hispida barba pilis.
Sic modo qui laeti fuimus juvenilibus annis
Crastina decrepitos efficit hora senes.
Sic demum incauti post haec deducimur omnes
Illuc, unde aliquem fata redire vetant.

(in Candidae libri tres)

Une réponse

  1. Bonjour Lionel,
    Quelles merveilles que ces courts textes dont j’apprécie la version latine et la traduction française.
    Merci pour ces instants de bonheur.
    Une remarque pour le texte « aetatis celeritas » que tu nous a fait découvrir.
    L’avant dernier vers ne devrait-il pas se lire : « Étapes – Qu’y peut-on ? Tous, nous sommes menés… » ?
    Amicalement et fidèlement.
    Hugues

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