Déjà revient le froid : l’été câlin
Bat en retraite, et les feuillages tombent
Des arbres hauts ; le vent tempéré d’ouest,
Craignant fureurs et monstrueux courroux
Du vent du nord, s’efface, et l’accompagne,
Plaisir des champs, l’oiseau chanteur : je vais
Aussi quitter la douceur des campagnes,
Jusqu’à l’avril aux superbes coiffures,
Retour des souffles tièdes du zéphyr.
Adieu, vous mes délices, les jardins,
Adieu, fontaines d’eau clairette, adieu,
Fermette plus chère à mes yeux qu’altier
Palais royal. Je pars, mais laisse ici
Ce que j’ai de sensible et de pensées.
Jam bruma veniente praeterivit
Aestas mollior, et cadunt ab altis
Frondes arboribus: tepor Favonî
Immanes Boreae furentis iras
Formidans abit: illum agri voluptas
Canorae volucres sequuntur: ergo
Et nos dulcia rura deseramus,
Dum ver purpurea coma decorum
Reducat Zephyri tepentis auram.
Horti deliciae meae valete,
Fontes luciduli valete, salve
Mihi villula carior superbis
Regum liminibus. Recedo, sensum
Sed meum hic, animumque derelinquo.
(In Marcii Antonii […] Flaminiorum Carmina, p. 25 [1831])