Catulle (Poèmes, III) : Déploration du moineau de Lesbie / Fletus passeris Lesbiae

Il s’agit d’un des poèmes parmi les plus connus de Catulle. J’ai tenté, dans la présente traduction, de demeurer au plus près du texte latin, et respecté, chaque fois que la versification française me le rendait possible, de conserver les nombreuses répétitions originelles, qui donnent à cette courte élégie sa si sincère tonalité, à mille lieues de toute rhétorique. 

Vénus et tous les Cupidons, pleurez,
Et vous, adorateurs de vénusté :
Il est mort, le moineau de ma chérie,
Le moineau, le plaisir de ma chérie,
Plus aimé d’elle que ses propres yeux,
L’oiseau de miel qui la connaissait mieux
Que le bambin ne fait de sa maman !
– Et de sa gorge à peine s’éloignant,
Près d’elle, çà, là, de sautiller,
Daignant pour elle seule pépier…
Voici qu’il va, par ténébreux chemin,
Là d’où personne, dit-on, ne revient…
Malheur à vous, ténèbres de malheur
Qui dévorez les plus humbles splendeurs :
Vous m’avez pris le plus beau des moineaux !
Fait de malheur, pauvre petit moineau !
– Par ta faute, les yeux de ma chérie
De gros pleurs et de rouge sont meurtris. 

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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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Lugete, o Veneres Cupidinesque,
et quantum est hominum venustiorum:
passer mortuus est meae puellae,
passer, deliciae meae puellae,
quem plus illa oculis suis amabat.
nam mellitus erat suamque norat
ipsam tam bene quam puella matrem,
nec sese a gremio illius mouebat,
sed circumsiliens modo huc modo illuc
ad solam dominam usque pipiabat.
qui nunc it per iter tenebricosum
illuc, unde negant redire quemquam.
at vobis male sit, malae tenebrae
Orci, quae omnia bella devoratis:
tam bellum mihi passerem abstulistis
o factum male! o miselle passer!
tua nunc opera meae puellae
flendo turgiduli rubent ocelli.

 

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