Qui est Catulle ?
Tu es, Nason, un « homme actif »,
Mais rare est l’homme qui s’active
En ta faveur et qui te suive :
C’est que tu es, « Nason l’actif »,
Pédé passif.
Note sur cette traduction :
Ce distique a fait couler beaucoup d’encre : il est entendu que Catulle y joue sur les sens possibles de l’adjectif « multus ». Certains exemples tirés d’autres auteurs (dont Plaute) accréditent celui, négatif, de « touche à tout », peut-être de « bavard impénitent ». Je retiens pour cette traduction celui, positif, d’ « actif » (c’est l’opinion de M. Gwyn Morgan, exprimée dans son article « Catullus 112: A Pathicus in Politics » [The American Journal of Philology, Vol. 100, No. 3]), qui permet d’opposer, chez le même Nason, l’activité de l’homme politique à la passivité du « pathicus ». Notre homme déploie sans doute toute son énergie pour se faire élire à quelque fonction publique, mais il n’y a pas foule pour le suivre (« descendere ») au forum. À cela, une raison : ses mœurs.
Autres traductions par d’autres traducteurs :
Georges Lafaye (éd. Les Belles Lettres, 1923)
Tu te multiplies, Nason ; mais les gens ne se multiplies pas pour descendre (au forum) avec toi ; Nason, tu es un homme moulu2, un giton.
2. Calembour probable sur le mot multus, qui pourrait bien être confondu, dans une intention obscène, avec un ancien participe du verbe molere. (La note est de Georges Lafaye)
Maurice Rat (Catulle Œuvres, éd. Garnier, 1931)
Tu es innombrable, Nason, mais ceux-là ne sont pas innombrables qui vont avec toi. Oui, Nason, tu es un homme innombrable, un giton.
Oliviers Sers (Le Roman de Catulle, éd. Les Belles Lettres, 2004)
Quand tu es tout à tous, personne ne veut plus
De toi, Nason : à tous, tout foutu, trop foutu.
Multus homo es, Naso, neque tecum multus homo qui
descendit; Naso, multus es et pathicus.
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.