.Au dessous des remous des gouffres supérieurs,
Loin, loin, parmi les fonds, dans la mer abyssale,
Dort de son vieux sommeil, sans rêve ni veilleur,
Le Kraken ; des lueurs très légères s’exhalent
De ses flancs ténébreux ; s’enfle au-dessus de lui
L’antique énormité d’éponges sans mesure ;
Et loin, très loin, dans la lumière qui faiblit,
De tout creux fabuleux, de toute geôle obscure
Sans nombre, gigantesques, des poulpes à bras
Géants font osciller l’engourdissement vert.
Ici posé depuis toujours, il restera
Pesant dans son sommeil sur de gros vers de mer,
Jusqu’à l’ultime feu qui ardera les flots ;
Alors pour être vu par l’homme et l’angelot,
Hurlant il surgira pour mourir à fleur d’eau.
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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
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Below the thunders of the upper deep,
Far, far beneath in the abysmal sea,
His ancient, dreamless, uninvaded sleep
The Kraken sleepeth: faintest sunlights flee
About his shadowy sides; above him swell
Huge sponges of millennial growth and height;
And far away into the sickly light,
From many a wondrous grot and secret cell
Unnumber’d and enormous polypi
Winnow with giant arms the slumbering green.
There hath he lain for ages, and will lie
Battening upon huge sea-worms in his sleep,
Until the latter fire shall heat the deep;
Then once by man and angels to be seen,
In roaring he shall rise and on the surface die.
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Alfred Tennyson, from Poems, Chiefly Lyrical, 1830
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Cette traduction est juste merveilleuse. Merci…
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