Pline le Jeune : De la vie comme d’un menu de banquet (Lettre à son ami Praesens)


Qui est Pline le Jeune ?


Interminable, ton séjour tantôt en Lucanie, tantôt en Campanie ? « C’est que nous sommes, dis-tu, moi lucanien, ma femme campanienne ». Raison valable pour une absence de quelque durée, mais pas éternelle. Reviendras-tu un jour à Rome ? où tu as dignités, honneurs, amitiés, fortes comme moindres. Jusqu’à quand vas-tu faire ton roi ? jusqu’à quand veiller à loisir, dormir à loisir ? jusqu’à quand sans chaussures, toge en congés, toute la journée libre ? Il est temps que tu regoûtes à ce qui nous pèse, cela n’eût-il pour but que d’éviter à tes plaisirs, saturés, de s’émousser. Saluer un instant, pour mieux apprécier d’être salué ; piétiner parmi la foule pour se plaire en solitude. – Mais je suis là qui retarde, imprudent, le retour où je te pousse ! Car peut-être cela t’engage-t-il à te rouler davantage dans ton farniente : auquel je ne veux pas mettre un terme, mais des intermittences. Comme, t’ayant à dîner, je mêlerais douceurs à plats amers et pimentés pour que ceux-ci réveillent ton appétit qu’auront blasé ceux-là, ta vie de plaisirs, je t’exhorte à le relever parfois de quelque âcreté.


Tantane perseverantia tu modo in Lucania, modo in Campania? ‘Ipse enim’ inquis ‘Lucanus, uxor Campana.’ Iusta causa longioris absentiae, non perpetuae tamen. Quin ergo aliquando in urbem redis? ubi dignitas honor amicitiae tam superiores quam minores. Quousque regnabis? quousque vigilabis cum voles, dormies quamdiu voles? quousque calcei nusquam, toga feriata, liber totus dies? Tempus est te revisere molestias nostras, vel ob hoc solum ne voluptates istae satietate languescant. Saluta paulisper, quo sit tibi iucundius salutari; terere in hac turba, ut te solitudo delectet. Sed quid imprudens quem evocare conor retardo? Fortasse enim his ipsis admoneris, ut te magis ac magis otio involvas; quod ego non abrumpi sed intermitti volo. Ut enim, si cenam tibi facerem, dulcibus cibis acres acutosque miscerem, ut obtusus illis et oblitus stomachus his excitaretur, ita nunc hortor ut iucundissimum genus vitae non nullis interdum quasi acoribus condias. Vale.

in Lettres, livre VII, 3


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Pline le Jeune : Renvoi d’ascenseur (Lettre à son ami Augurinus)


Qui est Pline le Jeune ?


Si, loué de toi, j’entreprends de te louer, je crains de ne paraître moins professer mon opinion que confesser ma gratitude. Mais peu m’importe de le paraître : je tiens pour excellents tous tes écrits, ceux surtout sur moi. Cela, pour une seule et même raison : ton écriture est supérieure quand tu écris sur tes amis ; je trouve, quand je le lis, supérieur ce qu’on écrit sur moi.


Si laudatus a te laudare te coepero, vereor ne non tam proferre iudicium meum quam referre gratiam videar. Sed licet videar, omnia scripta tua pulcherrima existimo, maxime tamen illa de nobis. Accidit hoc una eademque de causa. Nam et tu, quae de amicis, optime scribis, et ego, quae de me, ut optima lego. Vale.

in Lettres, livre IX, 8


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Pline le Jeune : Courses de chevaux /vs/ littérature (Lettre à son ami Calvisius)


Qui est Pline le Jeune ?


Tout ce temps, c’est à écrire et lire, dans le calme d’un fort bien-être, que je l’ai passé. « Comment, dis-tu, cela te fut-il possible, à Rome ? » Il y avait des jeux de cirque, genre de spectacle dont je ne suis nullement féru. Rien de nouveau, rien qui varie, rien qu’il ne suffise d’avoir une fois regardé. D’où mon étonnement face à ces milliers d’adultes qui peuvent tels des enfants désirer voir et revoir des chevaux courir et des hommes sur des chars. Si du moins c’était la vitesse des chevaux ou l’adresse des hommes qui les transportait, la raison serait valable : mais ils applaudissent à un chiffon, c’est un chiffon qu’ils adulent, et si durant la course et en pleine compétition les tuniques, les unes ici, les autres là, changeaient d’épaules, ferveur et passion les suivraient et à l’instant ces fameux auriges, ces fameux chevaux qu’ils reconnaissent de loin, dont ils clament les noms, se verraient délaissés. Quelle faveur, quel prestige dans une bien vile casaque ! – chez la populace, mettons, plus vile que la casaque, mais chez des hommes d’un certain poids social ! Eux, quand je me rappelle les voir assis, insatiables de jeux vains, froids, répétitifs, je prends quelque plaisir à, de leur plaisir, n’être pas pris. C’est ainsi que mes moments de liberté, j’aime à les placer sous les auspices de la littérature tous ces jours que d’autres perdent à s’occuper d’amusettes.


Omne hoc tempus inter pugillares ac libellos iucundissima quiete transmisi. ‘Quemadmodum’ inquis ‘in urbe potuisti?’ Circenses erant, quo genere spectaculi ne levissime quidem teneor. Nihil novum nihil varium, nihil quod non semel spectasse sufficiat. Quo magis miror tot milia virorum tam pueriliter identidem cupere currentes equos, insistentes curribus homines videre. Si tamen aut velocitate equorum aut hominum arte traherentur, esset ratio non nulla; nunc favent panno, pannum amant, et si in ipso cursu medioque certamine hic color illuc ille huc transferatur, studium favorque transibit, et repente agitatores illos equos illos, quos procul noscitant, quorum clamitant nomina relinquent. Tanta gratia tanta auctoritas in una vilissima tunica, mitto apud vulgus, quod vilius tunica, sed apud quosdam graves homines; quos ego cum recordor, in re inani frigida assidua, tam insatiabiliter desidere, capio aliquam voluptatem, quod hac voluptate non capior. Ac per hos dies libentissime otium meum in litteris colloco, quos alii otiosissimis occupationibus perdunt. Vale.

in Lettres, livre IX, 6


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Pline le Jeune : Gloire ou loisir, un choix de vie (Lettre à son ami Paulinus)


Qui est Pline le Jeune ?


Pour un autre, c’est autrement : pour ma part, je tiens pour comblé qui, pouvant se prévaloir d’une bonne et durable réputation, en jouit pleinement, et qui, assuré de la postérité, vit en compagnie de sa gloire future. J’ajoute que, si je n’avais sous les yeux l’éternité pour prime, ce fameux paresseux, profond loisir, c’est cela qui me plairait. Car à mon sens tout homme doit penser, soit à être immortel (et tâchant alors de le devenir), soit à rester mortel (et s’abandonnant alors à l’oisiveté) – sans accabler une vie brève de travaux sans fruits, comme j’en vois beaucoup, qui, s’activant, portés par une illusion de misère et sans retour, finissent par s’avilir. Cela, je le partage avec toi – comme je fais chaque jour avec moi-même – pour cesser de le faire avec moi-même, si de ton côté cela ne t’agrée pas ; mais cela t’agrée, à toi qui ne médites jamais rien que de notable et d’immortel.


Alius aliud: ego beatissimum existimo, qui bonae mansuraeque famae praesumptione perfruitur, certusque posteritatis cum futura gloria vivit. Ac mihi nisi praemium aeternitatis ante oculos, pingue illud altumque otium placeat. Etenim omnes homines arbitror oportere aut immortalitatem suam aut mortalitatem cogitare, et illos quidem contendere eniti, hos quiescere remitti, nec brevem vitam caducis laboribus fatigare, ut video multos misera simul et ingrata imagine industriae ad vilitatem sui pervenire. Haec ego tecum quae cotidie mecum, ut desinam mecum, si dissenties tu; quamquam non dissenties, ut qui semper clarum aliquid et immortale meditere. Vale.

in Lettres, livre IX, 4


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Pline le Jeune : Lettres à son épouse, Calpurnia


Qui est Pline le Jeune ?


Jamais je ne me suis tant plaint de mes occupations, qui n’ont pas souffert que je te suive partant pour la Campanie pour raison de santé – ou, partie, de t’y suivre sans attendre. C’est surtout maintenant que je voudrais que nous soyons ensemble, pour de mes yeux m’assurer que tu recouvres tes chères forces et qu’entre plaisirs de ta retraite et richesse de la région tu vaques sans encombre. Pour ma part, fusses-tu rétablie que j’aurais de toi un amoureux souci : car on s’inquiète, s’angoisse, quand on est quelque temps sans nouvelles de qui l’on chérit ardemment. Pour l’heure, penser tour à tour à ton absence et à ton mal me tourmente de toutes sortes d’incertitudes et me terrifie. Je crains tout, j’imagine tout, et comme le veut la nature des anxieux, je me figure les pires choses des pires que j’abomine. Aussi je t’en prie instamment : prends mes frayeurs en compte, et écris-moi une fois par jour, voire deux : car rasséréné te lisant, je retomberai tout de suite dans mes peurs t’ayant lue. Bien à toi.

1 De nombreux traducteurs traduisent ici nunc par alors, au motif qu’il est employé avec cupiebam. Je préfère lui garder son sens habituel de maintenant, et donner à cupiebam la valeur d’un optatif – cela sans compter que, sur les quelque 200 emplois de nunc dans ce qu’il nous reste des œuvres de Pline, il est, dans l’immense majorité des cas, presque toujours employé au présent (ou à l’accompli du présent). Il me semble du reste que la signification du texte en gagne en clarté.
2 Transmittere est à prendre au sens de passer à travers.

*

Tu m’écris n’être pas, de mon absence, médiocrement touchée et n’avoir pour unique réconfort que de tenir, m’y substituant, mes livres contre toi – souvent même de les mettre à ma place. J’aime te manquer, j’aime que ces remèdes t’apaisent. En retour, je lis, relis tes lettres, les prends sans cesse en main comme de nouvelles : mais ce faisant je ne m’embrase que davantage de ton désir : car celle dont la correspondance a autant de douceur, autant de charme réside en sa conversation. Écris-moi malgré tout le plus souvent possible, mon plaisir dût-il me conduire à la souffrance. Bien à toi.

*

On ne peut croire quel désir de toi me tient. En cause : l’amour, d’abord, puis notre inhabitude à être séparés. De là vient que mes nuits, pour une grande part, c’est, t’imaginant, à veiller que je les passe ; de là que de jour, aux heures où j’avais coutume d’aller te voir, c’est vers ta chambre que d’eux-mêmes, comme on dit à raison, mes pieds me portent ; qu’ensuite souffrant et triste et comme exclus je me retire de la pièce vide. N’échappe à ces tourments que le temps que je passe au forum et aux procès de mes amis. Prends la mesure de ma vie : le repos : dans le travail ; dans l’inquiétude et les tracas : le réconfort. Bien à toi.


Numquam sum magis de occupationibus meis questus, quae me non sunt passae aut proficiscentem te valetudinis causa in Campaniam prosequi aut profectam e vestigio subsequi. Nunc enim praecipue simul esse cupiebam, ut oculis meis crederem quid viribus quid corpusculo apparares, ecquid denique secessus voluptates regionisque abundantiam inoffensa transmitteres. Equidem etiam fortem te non sine cura desiderarem; est enim suspensum et anxium de eo quem ardentissime diligas interdum nihil scire. Nunc vero me cum absentiae tum infirmitatis tuae ratio incerta et varia sollicitudine exterret. Vereor omnia, imaginor omnia, quaeque natura metuentium est, ea maxime mihi quae maxime abominor fingo. Quo impensius rogo, ut timori meo cottidie singulis vel etiam binis epistulis consulas. Ero enim securior dum lego, statimque timebo cum legero. Vale.

Livre 6, 4

*

Scribis te absentia mea non mediocriter affici unumque habere solacium, quod pro me libellos meos teneas, saepe etiam in vestigio meo colloces. Gratum est quod nos requiris, gratum quod his fomentis acquiescis; invicem ego epistulas tuas lectito atque identidem in manus quasi novas sumo. Sed eo magis ad desiderium tui accendor: nam cujus litterae tantum habent suavitatis, hujus sermonibus quantum dulcedinis inest! Tu tamen quam frequentissime scribe, licet hoc ita me delectet ut torqueat. Vale.

Livre 6, 7

*

Incredibile est quanto desiderio tui tenear. In causa amor primum, deinde quod non consuevimus abesse. Inde est quod magnam noctium partem in imagine tua vigil exigo; inde quod interdiu, quibus horis te visere solebam, ad diaetam tuam ipsi me, ut verissime dicitur, pedes ducunt; quod denique aeger et maestus ac similis excluso a vacuo limine recedo. Unum tempus his tormentis caret, quo in foro et amicorum litibus conteror. Aestima tu, quae vita mea sit, cui requies in labore, in miseria curisque solacium. Vale.

Livre 7, 5


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Pline le Jeune : Faute de grives on a du style (Lettre à Calpurnius Flaccus)


Qui est Pline le Jeune ?


J’ai reçu de bien belles grives et ne puis en retour poser pareille ligne sur mes comptes1 en puisant, de Laurentin2, dans Rome ni dans la mer par des temps si venteux. Voici donc en réponse une lettre inféconde et tout bonnement ingrate, qui n’imite pas même l’habileté de Diomède3 dans l’échange des présents. Mais ce sera le fait de ton indulgence que de lui accorder d’autant plus le pardon qu’elle avoue ne pas le mériter. Bien à toi !

1 Cela signifie bien sûr « te rendre la pareille », comme l’écrivent la plupart des traducteurs. J’essaie pour ma part de conserver la métaphore « comptable » du latin.
2 Ville du Latium, près de la côte adriatique, à quelque 14 km de Rome, où Pline avait une propriété.
3 Allusion à un épisode de la guerre de Troie, où Diomède échange ses armes de bronze contre celles de Glaucos, qui sont en or massif.


Accepi pulcherrimos turdos, cum quibus parem calculum ponere nec urbis copiis ex Laurentino nec maris tam turbidis tempestatibus possum. Recipies ergo epistulas steriles et simpliciter ingratas, ac ne illam quidem sollertiam Diomedis in permutando munere imitantes. Sed, quae facilitas tua, hoc magis dabis veniam, quod se non mereri fatentur. Vale.

in Lettres, livre 5, 2


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Pline le Jeune : Littérature et chasse aux sangliers (Lettre à Cornelius Tacite)


Qui est Pline le Jeune ?


Tu vas rire, et tu pourras bien rire. Moi, ce grand homme que tu connais, j’ai pris des sangliers, trois, et de fort beaux. « Toi-même ? » dis-tu. Moi-même ; toutefois sans me départir de toute ma calme indolence. J’étais assis près des filets ; à ma portée, d’épieu, de pique : point, mais style et tablettes, je tâchais d’écrire quelque chose pour, si les mains vides, rentrer au moins les pages pleines. Ne raille pas ce genre d’activité intellectuelle ; on s’étonne de voir combien l’esprit s’anime quand le corps s’agite et se meut ; forêts à l’entour, solitude et même ce silence requis par la chasse stimulent fort la pensée. Aussi, quand tu iras chasser, suis mon exemple : emporte, outre panière et gourde, des tablettes : tu verras par toi-même que dans les montagnes, Minerve n’erre pas moins que Diane. Bien à toi !


Ridebis, et licet rideas. Ego, ille quem nosti, apros tres et quidem pulcherrimos cepi. ‘Ipse?’ inquis. Ipse; non tamen ut omnino ab inertia mea et quiete discederem. Ad retia sedebam; erat in proximo non venabulum aut lancea, sed stilus et pugillares; meditabar aliquid enotabamque, ut si manus vacuas, plenas tamen ceras reportarem. Non est quod contemnas hoc studendi genus; mirum est ut animus agitatione motuque corporis excitetur; jam undique silvae et solitudo ipsumque illud silentium quod venationi datur, magna cogitationis incitamenta sunt. Proinde cum venabere, licebit auctore me ut panarium et lagunculam sic etiam pugillares feras: experieris non Dianam magis montibus quam Minervam inerrare. Vale.

in Lettres, livre I, 6


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Pline le Jeune : Littérature itinérante (Lettre à Maecilius Nepos)


Qui est Pline le Jeune ?


Mes opuscules que tu t’es empressé d’acquérir, tu me demandes de les faire relire et corriger. Je vais le faire. Est-il rien que je doive entreprendre de meilleur gré – surtout quand c’est toi qui m’y pousses ? Car lorsque un homme comme toi, des plus graves, des plus savants, des plus diserts, de surcroît des plus occupés, bientôt gouverneur d’une grande province, accorde tant de valeur à mes écrits que de les emporter partout, combien dois-je veiller à ce que, dans ses bagages, cette part, comme inutile, ne l’embarrasse ! Je vais donc m’employer : d’abord à te faire trouver le plus grand charme à tes accompagnateurs ; ensuite à te fournir à ton retour ceux que tu voudrais leur adjoindre. Car je ne prends pas à la légère qu’un lecteur de ta qualité ne m’exhorte à de nouveaux ouvrages. Bien à toi !


Petis ut libellos meos, quos studiosissime comparasti, recognoscendos emendandosque curem. Faciam. Quid enim suscipere libentius debeo, te praesertim exigente? Nam cum vir gravissimus doctissimus disertissimus, super haec occupatissimus, maximae provinciae praefuturus, tanti putes scripta nostra circumferre tecum, quanto opere mihi providendum est, ne te haec pars sarcinarum tamquam supervacua offendat! Adnitar ergo, primum ut comites istos quam commodissimos habeas, deinde ut reversus invenias, quos istis addere velis. Neque enim mediocriter me ad nova opera tu lector hortaris. Vale.

in Lettres, livre IV, 26


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Pline le Jeune : Le rapport d’une maison de campagne (Lettre à Julius Naso)


Qui est Pline le Jeune ?


Toscane fouaillée de grêle, en région transpadane abondance extrême mais bas prix à l’avenant, voilà les nouvelles : seule ma propriété de Laurentum me rapporte. Je n’y possède rien, c’est vrai, qu’une demeure avec un parc (après, tout de suite des sables), mais elle seule me rapporte, car j’y écris beaucoup, cultive non pas des terres que je n’ai pas mais moi-même par le travail intellectuel ; et déjà, de pleine, je puis te montrer, comme ailleurs une grange, ici une écritoire. Par conséquent : si toi aussi tu guignes un domaine fertile et d’un sûr rapport, achète quelque chose sur cette côte. Bien à toi !

NB : Je prends cette lettre pour ce qu’elle me semble être : une sorte de poème en prose à la Max Jacob (raison pour laquelle je la traduis), sous l’apparence d’une démonstration logique.


Tusci grandine excussi, in regione Transpadana summa abundantia, sed par vilitas nuntiatur: solum mihi Laurentinum meum in reditu. Nihil quidem ibi possideo praeter tectum et hortum statimque harenas, solum tamen mihi in reditu. Ibi enim plurimum scribo, nec agrum quem non habeo sed ipsum me studiis excolo; ac iam possum tibi ut aliis in locis horreum plenum, sic ibi scrinium ostendere. Igitur tu quoque, si certa et fructuosa praedia concupiscis, aliquid in hoc litore para. Vale.

in Lettres, livre IV, 6


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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