Qui est Pline le Jeune ?
Pour un autre, c’est autrement : pour ma part, je tiens pour comblé qui, pouvant se prévaloir d’une bonne et durable réputation, en jouit pleinement, et qui, assuré de la postérité, vit en compagnie de sa gloire future. J’ajoute que, si je n’avais sous les yeux l’éternité pour prime, ce fameux paresseux, profond loisir, c’est cela qui me plairait. Car à mon sens tout homme doit penser, soit à être immortel (et tâchant alors de le devenir), soit à rester mortel (et s’abandonnant alors à l’oisiveté) – sans accabler une vie brève de travaux sans fruits, comme j’en vois beaucoup, qui, s’activant, portés par une illusion de misère et sans retour, finissent par s’avilir. Cela, je le partage avec toi – comme je fais chaque jour avec moi-même – pour cesser de le faire avec moi-même, si de ton côté cela ne t’agrée pas ; mais cela t’agrée, à toi qui ne médites jamais rien que de notable et d’immortel.
Alius aliud: ego beatissimum existimo, qui bonae mansuraeque famae praesumptione perfruitur, certusque posteritatis cum futura gloria vivit. Ac mihi nisi praemium aeternitatis ante oculos, pingue illud altumque otium placeat. Etenim omnes homines arbitror oportere aut immortalitatem suam aut mortalitatem cogitare, et illos quidem contendere eniti, hos quiescere remitti, nec brevem vitam caducis laboribus fatigare, ut video multos misera simul et ingrata imagine industriae ad vilitatem sui pervenire. Haec ego tecum quae cotidie mecum, ut desinam mecum, si dissenties tu; quamquam non dissenties, ut qui semper clarum aliquid et immortale meditere. Vale.
in Lettres, livre IX, 4
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