Qui est Pline le Jeune ?
J’ai reçu de bien belles grives et ne puis en retour poser pareille ligne sur mes comptes1 en puisant, de Laurentin2, dans Rome ni dans la mer par des temps si venteux. Voici donc en réponse une lettre inféconde et tout bonnement ingrate, qui n’imite pas même l’habileté de Diomède3 dans l’échange des présents. Mais ce sera le fait de ton indulgence que de lui accorder d’autant plus le pardon qu’elle avoue ne pas le mériter. Bien à toi !
1 Cela signifie bien sûr « te rendre la pareille », comme l’écrivent la plupart des traducteurs. J’essaie pour ma part de conserver la métaphore « comptable » du latin.
2 Ville du Latium, près de la côte adriatique, à quelque 14 km de Rome, où Pline avait une propriété.
3 Allusion à un épisode de la guerre de Troie, où Diomède échange ses armes de bronze contre celles de Glaucos, qui sont en or massif.
Accepi pulcherrimos turdos, cum quibus parem calculum ponere nec urbis copiis ex Laurentino nec maris tam turbidis tempestatibus possum. Recipies ergo epistulas steriles et simpliciter ingratas, ac ne illam quidem sollertiam Diomedis in permutando munere imitantes. Sed, quae facilitas tua, hoc magis dabis veniam, quod se non mereri fatentur. Vale.
in Lettres, livre 5, 2
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.