
L’Astronome (Vermeer, 1668)
Tes cadeaux, Œil-de-lynx, – vin de Crète et jumelles –,
Méritent tous les deux pareils remerciements :
La longue-vue fait voir les choses en plus grand,
Le vin, lui, multiplie les choses que l’on voit ;
Si les corps s’amplifient dans les cercles de verre,
L’esprit, lui, croît, noyé de nectar de Chios :
Ces verres géminés m’envoient parmi les astres ;
Quatre gouttes de vin m’emportent au-delà ;
Ce tube de maître ouvre aux mystères stellaires,
Le vin de Crète, lui, révèle le Mystère.
L’optique rend savant, mais la Crète, bavard.
L’une avive les yeux, l’autre empourpre les joues ;
Ton engin m’a montré les cornes de Vénus
– Et du fait de ce vin, Vulcain les a portées.
Cretum mihi das nectar, chrystallaque Lyncei,
Atque pares grates munere utroque meres :
Majora ostendat rerum simulacra specillum,
Visa quoque hoc vinum multiplicare valet :
Orbiculis vitreis grandescunt corpora ; at isto
Mens quoque fit major nectare fusa Chio :
Me gemino hoc vitro praesentem ducis in Astra;
Quattuor his ciathis me vehit astra super:
Artifici hoc tubule stellarum arcana patescunt;
Arcanum faciunt Cretica vina palam:
Optica chrystallus doctum; sed Creta disertum :
Tergit et illa aciem ; purpurat haec faciem :
Hocce tuo invento Veneris modo cornua vidi ;
Et Vino hoc forsan Mulciber illa tulit.
(in Carmina illustrium poetarum italorum, tome 1 [1719] page 446)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.