Qui est Martial ?
Tu ne cesses, Rufus, de couper d’eau ton vin,
Tout juste avales-tu, par quelque ami contraint,
De falerne¹ une larme ‒ et encore : trempée.
T’es-tu donc vu promettre une heureuse nuitée
Par Nævie, et veux-tu, restant sobre en loisir,
T’assurer de pouvoir la baiser sans faillir ?
‒ Soupirs, silence, plainte : elle s’est refusée !
Preuve que tu peux boire, et à pleine gorgée,
Et juguler de vin ton cruel déplaisir :
Pourquoi te ménager ? Tu n’as plus qu’à dormir !
¹ : Avec le cécube, un des meilleurs crûs de l’Antiquité romaine.
Interponis aquam subinde, Rufe,
et si cogeris a sodale, raram
diluti bibis unciam Falerni.
Numquid pollicita est tibi beatam
noctem Naevia sobriasque mavis
certae nequitias fututionis?
Suspiras, retices, gemis: negavit.
Crebros ergo licet bibas trientes
et durum jugules mero dolorem.
Quid parcis tibi, Rufe? dormiendum est.
(in Epigrammaton liber I, 107)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.