Giovanni Pietro Astemio (1505-1567) : La ferme, poète !


Mais vas-tu la fermer, lourdingue de poète ?
Ils sécrètent, tes vers, du râpeux, du bébête,
Et sont si discordants qu’il risque d’advenir
Qu’invoquant Anaïs, ils la feront s’enfuir.


Tacete, o nimium graves poetae,
tam durum strepitant et infacetum
vestri murmura carminis, periclum
ut sit ne fugiat vocata Nais.

(in Carmina)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

Giovanni Pietro Astemio (1505-1567) : Chaud-froid d’amour

 Cotopaxi (Frederic Edwin Church, 1862)

Cotopaxi (Frederic Edwin Church, 1862)


Pour me brûler le corps à flammes dévorantes,
Seule Ursule employait les laves de l’Etna ;
Pour éteindre les feux qui m’embrasent le cœur,
Ursule seule emploie la froidure de l’onde.
Cette fille vit seule ‒ et vivra ‒ dans mon cœur,
Tant que l’eau sera fraîche à la claire fontaine.


Nul ne connait d’amours si commodes, Corneille,
Que qui aime, à son gré, ou montre sa froideur,
Jetant, quand il lui plaît, des brûlots par ses yeux,
Nymphe, quand il lui plaît, déversant des eaux fraîches.
Tu cultives, Ursule, ensemble chaud et froid
Et les souffles sans cesse, ensemble, en ton discours.
Flamme jadis, Ursule, et là froide eau de source,
Tu brûlas ton poète, ensemble, et tu l’apaises.


« De nymphe faite lymphe, et de chaud, froid : d’amour,
J’ai embrasé ‒ j’éteins (dure avant ; là : badine).
Mon poète le sait, qui mourait d’amour fou,
Et chante, sage, là, dans la grotte aux eaux froides. »


Cum libuit rapidis torreri viscera flammis
Una ministrabat Ursa quod Aetna vomit,
Cum libet urentes exstinguere pectoris aestus
Una mihi gelidas Ursa ministrat aquas,
Una meo haec vivit vivetque in pectore virgo
Dum liquidi fontis frigidus humor erit.


Tam faciles nullus, Corneli, expertus amores
Arbitrio quam qui friget amatque suo,
Cum iuvat aestiferas iaculatur lumine flammas,
Cum iuvat egelidas nympha refundit aquas,
Una tibi calor est, Helice, tibi frigus et una
Aeternum haec spires carmine et una tuo.
Flamma Helice quondam, nunc fontis frigidus humor,
Una suum vatem torruit, una levat.


Nympha prius nunc lympha, calor nunc frigus, amore
Accendi, exstinguo nunc levis ante gravis.
Scit meus hoc vates, qui insanus amore peribat,
Nunc sanus gelidi fontis ad antra canit.

(in Carmina)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

%d blogueurs aiment cette page :