La noria (inédit)


Celui chargé de puiser l’eau des nappes
anime avec son âne la noria :
les tréfonds souffrent, geignent,
l’animal brait, lui barytonne & couvre
les pleurs de la fontaine –

rentrant quelquefois de l’école
à l’heure méridienne, à l’ombre
du platane un marmot s’attarde
à regarder tourner la bête :

écoutant le chant sombre de l’homme
sortir de terre avec les seaux de toile
humectés de cette chose froide
pressentie dans le ventre du père
& les statues tendres d’albâtre.

(© LEM 07/08/2019)

Le tuage (inédit)


L’hiver venu tuant le porc
brûlant les soies sur feu de paille :
sourd de la gorge le sang fort
dans le bassin choient les entrailles :
foie très-précieux luisant fumant ‒
le fiel vaut-il qu’on s’y attarde ?
les chiens sans mordre y vont humant
tandis qu’on mange à la moutarde
les boudins noirs : dessus le coup
de vin nouveau de la vendange :
& on est riche avec ce goût
de fer au bec pieds dans la fange.

(© LEM 31 10 2018)

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