Un ivrogne impuissant
Tu baises fréquemment, sans relâche, à foison,
Sans épargner ta peine ‒ à part lorsque pompette
Tu y vas de tes pleurs : tu ne vaux pas tripette
Pour la bourre, amolli par l’excès de boisson.
Lucinus, mes conseils : ou freine tes baisades
Et continue de boire et chouine aux débandades,
Ou cesse de baiser ‒ pour ça, prends du poison.
Début, fin de l’amour
Par quel malheur poussé faut-il que je divorce !
Un pareil sacrilège outrepasse ma force :
C’est la décision, l’impulsion de feu
De quelque destinée ou bien de quelque dieu.
Qui croirait vains les dieux ? Pour dire vrai, Délie :
Amour à toi me donne ‒ et de toi me délie.
En amour, on se tait
Je dois ‒ juré, craché ‒ te promettre, Galla,
De me taire. En retour, jure-moi que ta pomme
N’en parlera pas plus (oui oui, c’est lex dura…)
Sauf si tu veux, Galla, en parler à un homme.
Saepius futuis nimisque semper,
Nec parcis, nisi forte ebriatus
Effundis lacrimas, quod esse moechus
Multo non ualeas mero subactus.
Plura ne futuas, peto, Lucine;
Aut semper bibe taediumque plange,
Aut, numquam ut futuas, uenena sume.
Nescio quo stimulante malo pia foedera rupi.
Non capiunt uires crimina tanta meae.
Institit et stimulis ardentibus inpulit actum
Siue fuit fatum, seu fuit ille deus.
Arguimus quid uana deos? uis, Delia, uerum?
Qui tibi me dederat, idem et ademit: amor.
Juratum tibi me cogis promittere, Galla,
Ne narrem. Jura rursus et ipsa mihi,
Ne cui tu dicas (nimium est lex dura, remittam),
Praeterquam si uis dicere, Galla, uiro!
(in Anthologia latina [Alexander Riese éd. 1869])
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