Goethe : Selige Sehnsucht / Bienheureuse nostalgie

Ne le dis qu’au sage d’esprit
— Vite se moque le vulgaire :
Je veux au vivant donner prix,
Qui languit de feu mortifère.

Dans le frais des nuits amoureuses
Où tu pris vie et donnas vie,
Te gagne une envie curieuse
Quand brille calme la bougie.

Tu ne restes plus asservi
À l’ombrageuse obscurité,
Et t’excite un neuf appétit
D’alliances plus élevées.

Il n’est de lointain qui t’obère,
Tu viens en volant, captivé,
Pour au terme, épris de lumière,
Te laisser, papillon, brûler.

Et tant que tu n’as pas cela,
Ces simples mots : « meurs et deviens »,
Tu n’es qu’un hôte sans éclat
Sur cette terre de chagrin.

***

Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

***

Sagt es niemand, nur den Weisen,
Weil die Menge gleich verhöhnet:
Das Lebend’ge will ich preisen,
Das nach Flammentod sich sehnet.

In der Liebesnächte Kühlung,
Die dich zeugte, wo du zeugtest,
Überfällt dich fremde Fühlung,
Wenn die stille Kerze leuchtet.

Nicht mehr bleibest du umfangen
In der Finsternis Beschattung,
Und dich reißet neu Verlangen
Auf zu höherer Begattung.

Keine Ferne macht dich schwierig,
Kommst geflogen und gebannt,
Und zuletzt, des Lichts begierig,
Bist du Schmetterling verbrannt.

Und so lang du das nicht hast,
Dieses: Stirb und Werde!
Bist du nur ein trüber Gast
Auf der dunklen Erde.

(in West-östlichen Divan)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :