Qui est Stefan George ?
Tu veux que nous fondions un royaume solaire
Où nous aurions nous seuls la joie en apparat ·
Vous qui êtes sacrés, bois et chemins grégaires
Avant que ne se perde et notre et votre éclat.
Puisse nous contenter cette vie tranquille ·
Puissions-nous ici vivre en hôtes obligés !
Et toi de concevoir mot, chant, pour que docile
La plainte vole et branche aux rameaux élevés.
Toi d’entonner le chant des prairies bourdonnantes ·
Le chant devant la porte, au soir, plein de douceur,
D’apprendre à tolérer, tout bonnement puissante ·
En un humble sourire enterrant chaque pleur :
L’oiseau quitte en fuyant devant l’âcre prunelle ·
Le papillon se musse au coup de vent hurleur,
Et le vent dissipé, derechef étincelle ‒
Et qui a jamais vu sangloter une fleur ?
Du willst mit mir ein reich der sonne stiften
Darinnen uns allein die freude ziere ·
Sie heilige die haine und die triften
Eh unsre pracht und ihre sich verliere.Dass dieses süsse leben uns genüge ·
Dass wir hier wohnen dankbereite gäste!
Und wort und lied ersinnst du dass gefüge
Die klagen flattern in die höchsten äste.Du singst das lied der summenden gemarken ·
Das sanfte lied vor einer tür am abend
Und lehrest dulden wie die einfach starken ·
In lächeln jede träne scheu begrabend:Die vögel fliehen vor den herben schlehen ·
Die falter bergen sich in sturmes-toben
Sie funkeln wieder auf so er verstoben –
Und wer hat jemals blumen weinen sehen?
(in Das Jahr der Seele, L’Année de l’âme [1897])
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.