Georg Trakl (1887-1914) : Au Mönchsberg / Am Mönchsberg

Qui est Georg Trakl ?

Où dans l’ombre des ormes automnaux la sente à l’abandon s’enfonce,
Loin des huttes feuillues, des bergers endormis,
Toujours succède au promeneur l’obscur aspect de la fraîcheur

Sur un sentier¹ ossu, la voix d’hyacinthe du garçon
Chuchotant, oubliée, la légende du bois,
Avec plus de douceur, maladive, à présent : la plainte farouche du frère².

Donc : un vert épars touche  au genou l’étranger,
Sa peau devenue pierre ;
Plus près, la source bleue bruit³ la plainte des femmes.


¹ : On peut aussi traduire Steg par passerelle, petit pont.
² : La syntaxe adoptée ici par Trakl est assez floue pour permettre plusieurs interprétations.

³ : Le verbe employé par Trakl (rauschen) est normalement en allemand aussi intransitif que l’est bruire en français. 

Wo im Schatten herbstlicher Ulmen der verfallene Pfad hinabsinkt,
Ferne den Hütten von Laub, schlafenden Hirten,
Immer folgt dem Wandrer die dunkle Gestalt der Kühle

Über knöchernen Steg, die hyazinthene Stimme des Knaben,
Leise sagend die vergessene Legende des Walds,
Sanfter ein Krankes nun die wilde Klage des Bruders.

Also rührt ein spärliches Grün das Knie des Fremdlings,
Das versteinerte Haupt;
Näher rauscht der blaue Quell die Klage der Frauen.

(in Sebastian im Traum)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Georg Trakl (1887-1914) : Afre / Afra

Qui est Georg Trakl ?

Une enfant, cheveux bruns. La prière et l’amen
Assombrissent sans bruit la fraîcheur vespérale
Et Afre qui sourit, rouge en son jaune cadre
De tournesols, de peur et de gris temps d’orage.

Ceinte d’un manteau bleu la voyait autrefois
Peinte dévotement sur des vitraux le moine ;
C’est, souffre-t-il, encore une aimable compagne
Quand de son spectre astral elle hante son sang.

Automne qui décline et taire du sureau.
Le front touche de l’eau le mouvement bleuté,
Une haire gisant sur un porte-cercueil.

Des fruits décomposés tombent de la ramure ;
Indicible est le vol d’oiseaux, rencontre avec
Des moribonds ; des années sombres lui font suite.


Ein Kind mit braunem Haar. Gebet und Amen
Verdunkeln still die abendliche Kühle
Und Afras Lächeln rot in gelbem Rahmen
Von Sonnenblumen, Angst und grauer Schwüle.

Gehüllt in blauen Mantel sah vor Zeiten
Der Mönch sie fromm gemalt an Kirchenfenstern;
Das will in Schmerzen freundlich noch geleiten,
Wenn ihre Sterne durch sein Blut gespenstern.

Herbstuntergang; und des Hollunders Schweigen.
Die Stirne rührt des Wassers blaue Regung,
Ein härnes Tuch gelegt auf eine Bahre.

Verfaulte Früchte fallen von den Zweigen;
Unsäglich ist der Vögel Flug, Begegnung
Mit Sterbenden; dem folgen dunkle Jahre.

(in Sebastian im Traum)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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