Qui est Georg Trakl ?
Au soir s’entend le cri des pipistrelles,
Deux moreaux dans le pré caracolent,
L’érable rouge bruit.
Au marcheur apparaît la petite auberge sur la route.
Exquis le goût du vin jeune et des noix,
Exquis : grisé de tituber dans la forêt crépusculaire.
Parmi des rameaux noirs tintent des cloches douloureuses,
Sur le visage un aigail goutte.
Notes sur cette traduction :
1) Rappe (même étymologie que Rabe, corbeau) désigne un cheval noir (schwarzes Pferd). Le terme est en allemand presque aussi rare que celui de moreau, en français, dont il est l’équivalent, et que je préfère employer ici.
2) Aigail plutôt que rosée (Tau), pour les sonorités : à défaut de l’allitération en [t] de l’allemand, une allitération en [g] en français.
Am Abend hört man den Schrei der Fledermäuse,
Zwei Rappen springen auf der Wiese,
Der rote Ahorn rauscht.
Dem Wanderer erscheint die kleine Schenke am Weg.
Herrlich schmecken junger Wein und Nüsse,
Herrlich: betrunken zu taumeln in dämmernden Wald.
Durch schwarzes Geäst tönen schmerzliche Glocken,
Auf das Gesicht tropft Tau.
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.