
Paysage avec saint Jérôme et le dieu Tibre (Jérôme Cock, 1552)
Le motif des ruines a été maintes fois traité à la Renaissance par les poètes (cf. en France, du Bellay, Les Antiquités de Rome). Il a aussi inspiré, à diverses époques, les peintres et les musiciens (même le Métal).
Qui compterait ses pleurs, qui contiendrait ses plaintes,
En voyant ton désastre et ton saccage, Rome !
Parmi l’accablement des ruines navrantes,
Il ne reste un mur droit dans la ville détruite.
Palais, ici, par terre, et colonnes rompues,
Temples précipités du haut des sept collines,
Conduites défoncées à perte d’horizon,
Forums abandonnés, débris d’amphithéâtres,
Statues brisées de dieux, colosses abattus ;
Et les voies transformées, l’écroulement des ponts,
Et les arcs de triomphe éventrés par les ronces,
Les tombeaux renversés, disséminés çà, là.
Tout gît, hélas, confus, sans ordre et à demi
Miné et fissuré avec ignominie.
Le caprifiguier ose, et ses épais buissons,
Tout couvrir, abattant toute la gloire antique.
Vaincu, tout a cédé à la fureur barbare
Avec l’auguste appui du glaive et de la flamme.
De l’ancienne beauté, restent les seuls vestiges
Que le Gète enragé n’a pu anéantir.
Ces bribes cependant montrent quelles merveilles
C’était que ces hauteurs quêtant les astres d’or…
À quoi bon, Destinée, rejeter les Gaulois
Du tonnant Capitole – et donner telle fin ?
Parcere quis lacrimis valeat gemitumque tenere
conspiciens cladem, diruta Roma, tuam ?
Usque adeo gravibus deplorandisque ruinis
angulus eversa nullus in urbe vacat.
Hinc subeunt fractis palatia lapsa columnis
templaque septenis praecipitata jugis,
hinc intercisi longinqua per avia ductus
versaque neglectis amphitheatra foris,
effigies divum lacerae abjectique colossi ;
mutatas ruptis pontibus adde vias,
adde triumphales dumis findentibus arcus,
eruta diversis adde sepulchra locis.
Heu, confusa jacent ulloque sine ordine cuncta
semesa et foedis dimidiata modis.
Omnia cum densis caprificus vepribus audax
occupat, antiquum concidit omne decus.
Omnia barbarico cesserunt victa furori,
sustulit egregias ensis et ignis opes.
Sola manent formae quaedam vestigia priscae
perdere quae rabidi non potuere Getae.
Reliquiae tamen ostentant mirabile quantum
aurea cum peteret sidera culmen erat.
Quid Capitolino Gallos arcere Tonanti
profuit, hunc finem si tibi fata dabant ?
(in Candidae libri tres)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.