Josephus Parlistaneus (XVIe siècle, Italie) : Arrivée de la vieillesse : Ode 2

Visage labouré de rides, front sévère
Et contracté ; j’avais les cheveux bruns, voici
Qu’ils sont devenus blancs ; et la vigueur décline
_______En mon corps chancelant.

La force toutefois de mon cœur point ne cède
À mes pesants malheurs : mon âme ne se laisse
Ballotter par l’orage et n’exulte non plus
_______Quand les eaux sont faciles.

Qu’une douce torpeur régénère la terre
Dans le noir de la nuit ; que chassant les ténèbres,
Le soleil, se levant, ramène sur le monde
_______La clôture du ciel,

La main de Dieu est là qui m’échauffe, et de cette
Glace paralysant mes attaches, mes membres
Et tout mon corps sensible, elle dénoue l’emprise
_______De jour comme de nuit.

Ô Soleil nourricier, ô lumière nouvelle,
Flamme immense entourée de concorde et d’amour,
Continue d’échauffer de ton paisible feu
_______Mes languissantes moelles,

Continue : que jamais nulle force n’abaisse
La puissante chaleur de ton amour, mais qu’il
Croisse toujours et brûle en mes pauvres attaches
_______Et en mes os – toujours,

Afin qu’à l’heure ultime où s’échappe la vie,
Mon âme, libérée du lourd carcan du corps
Puisse, plus diligente, éployer ses deux ailes
_______Et gagner les étoiles.


Ruga jam vultus arat, et severam
Contrahit frontem : capitisquc nigri
Albicant crines : tremulo et recedit
______Corpore virtus.

Nec tamen cordi insita vis malorum
Ponderi cedit : neque turbulentis
Fluctuat rebus, neque mens fecundis
______Aestuat undis.

Namque seu dulci recreat sopore
Atra nox terras, oriens Olympum
Sive sol clausum referat fugatis
______Orbe tenebris,

Me fovet dextra Deus, occupatos
Et mihi nervos, mihi membra, et omnes
Corporis sensus glacie resolvit
______Nocte dieque.

Alme sol ergo, nova lux, et ingens
Flamma concordi comitata amore,
Perge languentes placido medullas
______Igne fovere,

Perge, ne magnum tui amoris aestum
Ulla vis umquam minuat, sed usque
Crescat, et nervos graciles et ossa
______Torreat usque

Ultima ut vitae fugientis hora
Ocior densis mea mens soluta
Corporis vinclis geminas ad astra
______Explicet alas.

(in Carmina illustrium poetarum italiorum tomus septimus [1720] p. 84)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Du même Josephus Parlistaneus sur ce blog :

 

Josephus Parlistaneus (XVIe siècle, Italie) : Arrivée de la vieillesse : Ode 1

____Finis pour moi les doux sourires
De Vénus la charmante, et mère des Amours
____Jumeaux, fini tiède zéphyr
Propageant devers moi ses douces halenées,
____Fini sein printanier offert
Par la terre teintée de toutes les couleurs.
____Veines, viscères, sang, visage,
L’âge, dans sa rigueur, les ride et les contracte,
____Et le sinistre hiver de Thrace
De neige a saupoudré le brun de mes cheveux.
____Voici que peu à peu la force
Ignée quitte mon corps languide, et m’abandonne
____Comme une fleur fanée. Que si
La déesse aux trois corps, en son unique grâce,
____M’assiste ; que si la lumière
Au ciel brille pour moi de son éclat candide :
____Je ne craindrai le vent de Thrace,
Ni celui de l’Afrique attristé de nuages,
____Et la nécessité cruelle
Ne m’affaiblira point dans les difficultés,
____Mais au milieu de maints périls
Je vivrai plus constant que le prince arsacide.
____Et quand les Parques qui n’épargnent
Personne couperont le fil qui me concerne,
____Sortant des chaînes de ce corps,
Je vivrai plus heureux, peut-être, que les hommes.


__Jam nec dulce mihi Venus
Arridet gemini blanda Cupidinis
__Mater, nec tepidi leves
Adspirant animae dulce Favonii
__Nec vernos aperit sinus
Depicta omnigenis terra coloribus.
__Venas, viscera, sanguinem
Et rugis faciem contrahit aspera
__Aetas nigraque tempora
Spargit Threicia tristis hiems nive,
__Ac vis ignea languido
Paulatim fugiens corpore deficit,
__Ut flos aridus ; unica
Quod si tergemini gratia numinis
__Praesens adsit, et aetheris
Quod si praeniteat lux mihi candida,
__Flatus non ego Thracios,
Nec tristem metuam nubibus Africum
__Nec me dura necessitas
Quicquam diminuet rebus in asperis.
__Inter mille pericula
Sed vivam Arsacida principe firmior;
__Et cum fila legent mihi
Parcae, quae nequeunt parcere, nexibus
__Hujus corporis exiens
Vivam tunc hominum forte beatior.

(in Carmina illustrium poetarum italiorum tomus septimus [1720] p. 83)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Du même Josephus Parlistaneus sur ce blog :
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