Visage labouré de rides, front sévère
Et contracté ; j’avais les cheveux bruns, voici
Qu’ils sont devenus blancs ; et la vigueur décline
_______En mon corps chancelant.
La force toutefois de mon cœur point ne cède
À mes pesants malheurs : mon âme ne se laisse
Ballotter par l’orage et n’exulte non plus
_______Quand les eaux sont faciles.
Qu’une douce torpeur régénère la terre
Dans le noir de la nuit ; que chassant les ténèbres,
Le soleil, se levant, ramène sur le monde
_______La clôture du ciel,
La main de Dieu est là qui m’échauffe, et de cette
Glace paralysant mes attaches, mes membres
Et tout mon corps sensible, elle dénoue l’emprise
_______De jour comme de nuit.
Ô Soleil nourricier, ô lumière nouvelle,
Flamme immense entourée de concorde et d’amour,
Continue d’échauffer de ton paisible feu
_______Mes languissantes moelles,
Continue : que jamais nulle force n’abaisse
La puissante chaleur de ton amour, mais qu’il
Croisse toujours et brûle en mes pauvres attaches
_______Et en mes os – toujours,
Afin qu’à l’heure ultime où s’échappe la vie,
Mon âme, libérée du lourd carcan du corps
Puisse, plus diligente, éployer ses deux ailes
_______Et gagner les étoiles.
Ruga jam vultus arat, et severam
Contrahit frontem : capitisquc nigri
Albicant crines : tremulo et recedit
______Corpore virtus.Nec tamen cordi insita vis malorum
Ponderi cedit : neque turbulentis
Fluctuat rebus, neque mens fecundis
______Aestuat undis.Namque seu dulci recreat sopore
Atra nox terras, oriens Olympum
Sive sol clausum referat fugatis
______Orbe tenebris,Me fovet dextra Deus, occupatos
Et mihi nervos, mihi membra, et omnes
Corporis sensus glacie resolvit
______Nocte dieque.Alme sol ergo, nova lux, et ingens
Flamma concordi comitata amore,
Perge languentes placido medullas
______Igne fovere,Perge, ne magnum tui amoris aestum
Ulla vis umquam minuat, sed usque
Crescat, et nervos graciles et ossa
______Torreat usqueUltima ut vitae fugientis hora
Ocior densis mea mens soluta
Corporis vinclis geminas ad astra
______Explicet alas.
(in Carmina illustrium poetarum italiorum tomus septimus [1720] p. 84)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
Du même Josephus Parlistaneus sur ce blog :