Ne te laisse asservir par Vénus ni Bacchus,
Car Vénus et le vin mêmement sont nuisibles.
Si Vénus nous épuise, un excès de boisson
Ruine notre maintien, nous coupe les jarrets.
L’amour aveugle pousse à dire des secrets :
L’ivresse, en sa folie, divulgue des mystères.
Cupidon, le cruel !, souvent cause des guerres ;
Souvent, pareillement, Bacchus appelle aux armes.
Vénus a perdu Troie dans une guerre horrible,
En un puissant combat, toi, Bacchus, les Lapithes.
– En somme, ils font tous deux déraisonner les hommes,
Et bannissent pudeur, droiture, anxiété.
Entrave donc Vénus, à Bacchus mets des chaînes :
Nul des deux ne te nuise avec ce qu’il t’apporte.
Le vin calme la soif, mère Vénus nous sert
À faire des enfants : ne franchis point ces bornes.
Nec Veneris nec tu Bacchi tenearis amore;
Vno namque modo uina Venusque nocent.
Vt Venus eneruat uires, sic copia Bacchi
Et temptat gressus debilitatque pedes.
Multos caecus amor cogit secreta fateri:
Arcanum demens detegit ebrietas.
Bellum saepe ciet ferus exitiale Cupido:
Saepe manus itidem Bacchus ad arma uocat.
Perdidit horrendo Troiam Venus improba bello:
At Lapithas bello perdis, lacche, graui.
Denique cum mentes hominum furiauit uterque,
Et pudor et probitas et metus omnis abest.
Conpedibus Venerem, uinclis constringe Lyaeum,
Ne te muneribus laedat uterque suis.
Vina sitim sedent, natis Venus alma creandis
Seruiat: hos fines transiluisse nocet.
(in Poetae latini minores, éd. Baehrens, volume III [1881])