Quelle joie : j’entendis mon amie qui chantait,
Quelle joie ! Et pour moi, quel spectacle c’était !
Contre son col fluait sa libre chevelure,
Nul fard ne corrigeait l’éclat de sa figure.
L’en trouvai mieux ornée, plus belle et ciselée :
Elle eût pu de sa voix émouvoir un galet.
Les joies ne durent qu’un moment : tournant soudain
Les yeux, elle me voit, et d’être vue se plaint.
M’apostrophant, chant tu, elle pose sa lyre,
Troublée – pauvre de moi ! –, me tance et se retire.
Délaissé, malheureux, pantelant, je m’affaisse,
Bats de l’œil – je suis mort. S’en revient ma maîtresse :
Sitôt perçus les os de mon corps consumé,
Les glane – et sans convoi, me voici inhumé.
L’impie grava sans pleurs sur moi ce vers fluet :
« Un amoureux, par une douce voix tué. »
***
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
***
Gaudebam, audivi dominam cum voce canentem,
Gaudebam. qualis tunc mihi, qualis erat!
Ex humeris nullo fluitabant ordine crines,
Et nulla nitidus stabat ab arte color.
Tunc mage compta mihi, mage tunc formosa decensque
Visa fuit; poterat saxa movere sono.
Sed, quia nulla diu firmantur gaudia, volvit
Forte oculos, videor, visa repente dolet.
Lingua ciens cantum silet, et sua plectra recondit.
Turbatur, misero multa minatur, abit.
Deseror infelix, avulso corde, cadoque,
Acclinans oculos mortuus. illa redit.
Ilico ut aspexit consumpti corporis ossa,
Colligit et nullo funere condit humi.
Impia, nil maerens, haud plenum carmen ibidem
Inscripsit, dulci hic voce peremptus amans.
(in Erotopaegnion [1512])
Magnifique travail. C’est un sacerdoce ! Toute mon admiration et ma reconnaissance. Eric Mazet.
J’aimeJ’aime
Un grand merci à vous. Un sacerdoce, en effet, mais aussi beaucoup de plaisir.
J’aimeJ’aime