« Le premier qui peignit l’Amour en tendre enfant
Manqua de connaissance et de discernement.
Un enfant ne saurait surpasser Pan, dompter
La mer, la terre et l’air, et toute immensité.
Est-il aveugle ? Non, ses armes sont des dards :
Mouche fait-on, sans faire mouche du regard ?
Il ne fend pas l’éther de ses ailes nocives :
Dès qu’à nous agriffé, jamais il ne s’esquive.
Je ne le vois pas nu : lui qui dépouille dieux
Et hommes, comment donc serait-il loqueteux ? »
– À ces mots, Célie rit, me dit : envisages-
Tu de peindre l’Amour ? Mire et peins mon visage !
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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
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In tabula primus tenerum qui pinxit Amorem,
Ingenio et docta non fuit ille manu.
Non puer est qui Pana potest superare fretumque
Qui domat et terras, aera, quique polos.
Non caecum dicam: pungentibus utitur armis,
Et quicumque ferit, num sine luce ferit?
Non findit latum pernicibus aethera pennis;
Sic nunquam a nostro corpore fixus abit.
Non mihi nudus erit: spoliat qui membra deorum
Quique hominum, nunquid veste carebit inops?
Dum loquor id, ridens inquit mihi Caelia, « Amorem
Pingere vis? Vultus aspice! pinge meos. »
(in Erotopaegnion [1512])