L'Anthologie palatine est un recueil d'épigrammes grecques de l'Antiquité. Les titres indiqués pour chacune de celles qui suivent correspondent au nom de leur auteur.
APOLLONIDAS
Prélevant du rucher la douceur de saison
Cliton le vieil apiculteur t’a fait, ô Pan,
Large libation d’un miel vierge soustrait
Aux rayons parfumés, don du troupeau volant
Sans borne ni berger. Multiplie à foison
Ses essaims, et emplis de nectar mordoré
Les alvéoles – faits de cire – de ses ruches.
ZONAS ( ?)
Cette grenade dont l’écorce se craquèle
Et ce coing duveteux, cette figue ridée
Avec sa queue, son ombilic, et cette grappe
Enivrante et de pourpre, aux grains innumérables,
Cette noix dégagée de son écale verte :
Ces fruits, le jardinier les consacre à Priape,
Dieu des jardins taillé dans un billot de bois,
En offrande rustique et champêtre à la fois.
MUCIUS
À toi Priape qui protèges cette plage,
Pour une prise au creux de leurs solides rets
De maints thons bondissant dans ce golfe aux eaux glauques,
En marque de reconnaissance, des pêcheurs
Ont fait d’humbles présents : une tasse de hêtre,
Un banc dur de bois blanc, une coupe de verre,
Pour que tu puisses délasser après la danse
Ton corps et rafraîchir tes lèvres assoiffées.
PHILIPPE
Une grenade à l’écorce dorée, des figues
À la peau qui se ride, une grappe aux grains roses,
Une pêche odorante au duvet délicat,
Une noix dépassant de son écale verte,
Un concombre soyeux déposé sur ses feuilles,
Et une olive presque mûre en habit d’or :
Lamon le jardinier, Priape, t’en fait don ;
À ses arbres, à lui, donne santé et force.
PHANIAS
Hermès gardien de ce chemin, nous te donnons
Cette grappe de beau raisin, cette portion
D’un onctueux gâteau que l’on cuisit au four,
Une figue bien mûre, une friande olive,
Des parts de tomme ronde, une mesure d’orge,
Des grenades en masse, un verre de vin doux
– Tous mets qui plairaient même à Cypris, ma déesse ;
Et vous, je vous suggère, amis, de sacrifier
Sur le bord du rivage une chèvre aux pieds blancs.
CRINAGORAS
Les roses autrefois fleurissaient au printemps,
Mais au gros de l’hiver nous ouvrons maintenant
Nos calices de pourpre, en sourire à ce jour
De ton anniversaire et du proche hyménée.
Mieux vaut parer le front de la reine d’amour
Que d’attendre un rayon de soleil printanier.
THÉÉTÈTE
– Enfants, soyez heureux ! Quel pays vous vit naître,
Vous qui êtes si beaux, comment vous nomme-t-on ?
– Moi, je suis Nicanor, mon père est Épiorète
Ma mère est Hégéso ; je viens de Macédoine.
– Et moi, je suis Phila, Nicanor est mon frère.
Ces statues de nous deux furent ici placées
À la suite d’un vœu que firent nos parents.
ANTIPHILE
Je suis un coing bien conservé – dirait-on pas
Comme un fruit de saison ? – dans ma première fleur
Et ma jeune pelure, immaculé, bien lisse
Et duveté comme une joue adolescente,
Noué encore à ma native belle branche,
Rare prérogative en ce temps de froidure !
– Mais c’est qu’en ton honneur, ô Suprême déesse,
L’hiver même acquiesce à pareil fruit d’automne.
APOLLONIDAS
Moi, Ménis le pêcheur, je te fais, Diane, don
D’un mulet cuit au gril et d’un goujon du port.
J’ai pour toi de vin pur rempli jusques au bord
Une coupe, et tranché dans ma miche un quignon
– L’offrande est miséreuse, il est vrai, mais pieuse.
Donne-moi – don pour don ! – des nasses toujours pleines
– Car est-il un filet qui point ne t’appartienne ?
PLATON
Moi la fière Laïs qui affolais la Grèce,
Qui avais à ma porte afflux de prétendus,
Je consacre à Vénus mon miroir : car il laisse
Voir celle que je suis, plus celle que je fus.
Ces traductions originales, dues à Lionel-Édouard Martin, relèvent du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de les diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.