
Lys rouge (auteur inconnu)
Pourquoi, belle Lélie, l’abeille ménagère
‒ Mais pas de la beauté ‒ harcèle ton minois ?
Sa folie l’égarant comme moi lui fait prendre
Ton rouge de minois pour la pourpre des roses ;
À moins qu’en sa candeur embrouillant ton prénom,
Elle ne t’ait prêté comme prénom Les Lis.
Les lis sont à Vénus, que, redoutable abeille,
Tu pompes, bourdonnant, pour nectar, ambroisie :
Épargne, s’il te plaît, voleuse ! au moins ces fleurs
Semées par la Pudeur virginale et l’Amour.
Ne vole plus autour du minois de ma Belle,
Avare abeille, et cherche ailleurs, zélée, des roses :
Les lis par toi pompés sont les fleurs des Charites,
Que caresse Phébus, et que choie Cythérée.
Si tu pompes les lis du minois de Lélie,
Pour moi ton miel sera nectar, petite abeille.
Pulchra tuum quaeris num cur mea Laelia vultum
Nil parcens formae parca molestet Apis ?
Fallitur hæc mecum ; nam quem geris ore ruborem
Amens purpureas aestimat esse rosas.
Aut ignara tuo dubio nunc nomine peccat :
Nam tibi sit nomen Lilia forte putat.
Lilia sunt Veneris quae libas ore susurrans,
Saeva Apis, ut condas nectar et ambrosiam,
Floribus (ah quaeso) fur saltem parcere disce,
Quos Amor hic sparsit, virgineusque timor.
Desine jam nostrae circum os volitare Puellae
Parca Apis, ac alias sedula quaere rosas,
Sunt Charitum flores, quae nunc tu lilia libas :
Quae mulcet Phoebus, quae Cytheraea fovet.
Parva Apis haec quae fert mea Laelia lilia vultu
Sugere si valeas, mel mihi nectar erit.
(in Carmina Academicorum occultorum Brixiae [1570] pp. 34-35)