Qui ne veut tôt mourir ni forcer le destin
À trancher brusquement le fil fin de la vie,
N’aille pas s’exposer à la mer orageuse.
Sans danger le ressac vient lui mouiller les pieds ;
La moule est ballottée parmi les algues vertes ;
Sourdement, bruit, traîné, le visqueux coquillage ;
Le sable se rétracte où la vague a roulé ;
Tiré du sol raclé, le galet y contraste.
Chacun peut y marcher ; sur le rivage, au sûr,
Jouer ; juger que c’est, la mer, juste cela.
Qui non uult properare mori nec cogere fata
Mollia praecipiti rumpere fila manu,
Hactenus iratum mare nouerit. Ecce refuso
Gurgite securos subluit unda pedes,
Ecce inter uirides iactatur mytilus algas,
Et rauco trahitur lubrica concha sono.
Ecce recurrentes qua uersat fluctus harenas,
Discolor attrita calculus exit humo.
Haec quisquis calcare potest, in litore tuto
Ludat et hoc solum iudicet esse mare.
(in Anthologia latina [Alexander Riese éd. 1869])
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.