Joue ton chant sacré, Pan, pour les moutons qui paissent,
broyant les chaumes d’or entre leurs lippes courbes.
Les mères, pis gonflés, de retour à la crèche,
feront fumer de lait bourru le vase à traire.
Mais pour toi coulera, d’un cou velu, du sang
quand on t’immolera le mâle du troupeau.
Et cette vache fend les labours, d’un soc courbe,
s’arc-boutant du jarret sur le coutre pointu,
puis, déposé le joug d’une longue besogne,
donne à téter au veau, seconde et lourde tâche.
Fermier, ne la bats pas : ce veau, mère épargnée,
deviendra une vache épaisse et apte au joug.
Méris juge ‒ à bon droit ‒ que doit être exilé
du soc le bœuf fourbu par les labours et l’âge :
engraissé, le tuera. Le bœuf, là, dételé
mugit en sa retraite, égayant son herbage.
Pascenti pecori sacrum Pan praecine carmen
curva per auratos labra terens calamos.
Quo distenta domum referentes ubera matres,
lacte suo faciant fervere vasa novo.
At tibi villoso fusus de gutture sanguis
ibit, victima cum vir gregis ipse cadet.
Et vacca haec curvo sulcos proscindit aratro,
adpungente femur cuspide dum premitur ;
et juga post longi rursum sublata laboris,
ubera dat vitulae, cura secunda gravis.
Ne nimium vexa : Matri si parcis arator,
post vitula haec crescet vacca torosa jugo.
Moeris aratorem sulco senioque caducum
jure bovem ferri vindicat exitio
mactandum memor. Emeritus bos liber aratri
herbida mugitu pascua nunc hilarat.
(in Сarminum Jani Antonii Baifii liber I, 1577 [pp. 24, 22 et 12])
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