Epitaphe romaine : Corps mort devenu fleur


[…] Je dirai, redirai – pour que les Morts l’entendent –
Constamment ton doux nom, Flavia Nicopole,
Arrosant de mes pleurs répétés ton sépulcre.
Veuillent les dieux du ciel exaucer mon souhait
De voir sur ton tombeau sur une verte hampe
Croître une fleur nouvelle à couleur d’amarante,
De belle violette ou de rose ou de pourpre,
Afin que le passant, ralentissant ses pas,
Voyant ces fleurs, lisant les mots gravés, se dise :
« Flavia Nicopole a pour corps cette fleur. »

NB : Il en va de la seconde partie d’une épitaphe (celle de Flavia Nicopolis [que je francise en Nicopole, pour des raisons de versification]) datant peut-être de l’époque d’Auguste. La première partie est très lacunaire : on a pu tâcher d’en reconstituer le texte, mais aucune des conjectures n’est vraiment satisfaisante. Autant s’en tenir à ce qui demeure de l’épitaphe : qui peut encore, me semble-t-il, toucher le lecteur contemporain, et être rapproché du dernier tercet de « Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose » de Ronsard.
C’est, qui s’exprime, le mari de la défunte, un certain Aelius Stephanus.

[…] Semper ego ut Manes possint audire iterabo,
Flavia Nicopolis, nomen dulce tuum,
et tumulo spargam saepe meas lacrimas.
O mihi si superi vellent praestare roganti
ut tuo de tumulo flos ego cernam novum
crescere vel viridi ramo vel flore amaranti
vel roseo vel purpureo violaeque nitore,
ut qui praeteriens gressu tardante viator
viderit hos flores, titulum legat et sibi dicat
« hoc flos est corpus Flaviae Nicopolis ».

(in Carmina Latina epigraphica, 1184)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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