Maria Luise Weissmann (1899-1929) : Je suis très fatiguée / Ich bin sehr müde


Ma fenêtre se penche et va loin dans le soir,
Se dresse sur les toits le bouquet des nuages,
L’air me caresse, doux, plein de grande bonté.
Mais moi, j’ai joint mes mains, car je suis fatiguée,
Et je prête l’oreille, éberluée, aux pas
Emplis d’allant des gens qui glissent dans la rue.
Leurs membres aujourd’hui, comme ils leur sont légers !
Moi seule suis couchée en ma fatigue, lourde.
Parfois j’entends un pas qui est pareil au Tien,
Légère, alors, Aimé, tels les pas qui musiquent,
Fleur d’argent tels que sont, sur les toits, les nuages.


Mein Fenster lehnt sich weit in den Abend hinaus,
Die Wolken stehen über den Dächern, ein Blumenstrauß,
Die Luft streichelt mich und ist sanft und voll großer Güte.
Ich aber halte die Hände gefaltet, denn ich bin müde,
Und höre verwundert auf das beschwingte Schreiten
Der Menschen, die auf der Straße vorübergleiten,
So sehr sind ihnen heute die Glieder leicht.
Nur ich liege, schwergebettet in meine Müde.
Manchmal höre ich einen Schritt, der Deinem gleicht,
Dann bin ich, Geliebter, wie die Musik der Schritte leicht
Und wie die Wolken über den Dächern silberne Blüte.

(in Das frühe Fest, 1922)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

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