Giovanni Paolo Cesario (?-vers 1568) : Madrigaux

La céleste Vénus

Je ne veux rien de toi, ô mère des Amours ;
Déesse de Golgi et d’Idalie la sainte.
Que te bâtisse un temple et te voue des autels
L’amateur de boisson bachique et de festins,
Qui marche avec lenteur à l’ombre pompéienne,
Poitrine pantelant sous tes traits, Cupidon.

Mais moi que satisfont un fleuve, des moissons,
Qu’entraîne sur les monts l’amour des Piérides,
La Vénus que j’honore est céleste : ses feux
Divins forcent les cœurs à révérer les dieux,
Elle pousse au mépris des offrandes vulgaires
– Et qui se voient ravies, dévorées, le jour-même.

Les yeux de Glycère

Tes yeux sont si brillants, qui dissipent les nues,
Au ciel, et restituent les lumières perdues,
Qu’en te voyant l’on croit, sans en douter jamais,
Que les astres du monde ont faibli, de leur fait.
Des hommes médusés deviennent pierre inerte,
Glycère, ou interdits s’embrasent pour leur perte.

Le funambule turc

Loin du sol, une corde est tendue : le Turc ose
Y courir, et gravir les pignons des maisons,
Il bondit et jouant, comme sur terre, en l’air,
Tombe habile, est debout, léger telle une brise.

Jupiter le voyant se demande d’abord
Si un nouveau Géant n’attente au haut Olympe ;
Mais percevant le corps chétif du funambule,
Souriant, dit : « Ce nain, qu’il gagne les étoiles ! »


Non te sollicito votis, Dea mater Amorum,
Quae Golgos, sanctum quae colis Idalium.
Ille tibi templum statuat, tibi dedicet aras,
Quem latices Bacchi , lautaque mensa juvant,
Et qui Pompeia lentus spatiatur in umbra,
Perculsus telis corda, Cupido, tuis .

Ast ego, cui tantum satis est fluviusque Ceresque,
Et quem Pieridum per juga raptat amor:
Caelestem veneror Venerem, quae pectora flammis
Excitat aethereis ad pia sacra Deum.
Et jubet obscuri contemnere praemia vulgi ;
Quae rapit, et sensim devorat ipsa dies.

*

Sic tibi scintillant oculi, qui nubila caelo
Pellunt, amissum, restituuntque diem ;
Ut quicumque videt, dubita non mente, minora
Luce tua mundi sidera facta putet:
Parsque hominum stupeat, fiatque immobile saxum;
Aut tacito, Glycere, sentiat igne mori.

*

Extensum procul a terra percurrere funem,
Et celsas audet scandere Turca domos,
Exultimque, agri velut aequore, in aere ludit,
Atque ex arte cadens, surgit ut aura levis.

Juppiter ut vidit primum dubitabat Olympum
Tentaret. superum ne novus ire Gygas ;
Schenobatae sed ubi prospexit membra pusilli
Subridens : petat hic sidera nanus, ait.

(in Joannis Caesarii consentini varia poemata et orationes [1662] pp. 38, 39, 44)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

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