Dylan Thomas (1914-1953) : Et la mort n’aura point d’empire / And death shall have no dominion

Et la mort n’aura point d’empire,
Les morts, nus, se verront unis
À l’homme dans le vent et à la lune d’ouest ;
Leurs os, rongés à blanc, leurs os blancs disparus,
Ils auront, coude et pieds, des étoiles pour lest ;
Ils seront sains d’esprits, bien que fous devenus,
Bien qu’immergés en mer, rejaillissant du bas ;
Si meurent les amants, l’amour, lui, ne meurt pas,
Et la mort n’aura point d’empire.

Et la mort n’aura point d’empire.
Sous les ondulations marines
Tout de leur long couchés nul vent ne les tuera ;
Vissés à l’échafaud,  quand les chairs se déchirent,
Fixés même à la roue, ils ne craqueront pas,
La foi qu’ils ont en main pourra se désunir,
Et les diables cornus les traverser de pas ;
Pourfendus de partout, ils ne céderont pas,
Et la mort n’aura point d’empire.

Et la mort n’aura point d’empire.
Les goélands, fini d’entendre leur crierie,
Et les vagues venant se briser sur les grèves ;
Où la fleur a fleuri, nulle autre fleur ne lève
La tête pour l’offrir aux bourrasques de pluie ;
Qu’importe qu’ils soient fous, clous morts, minés de rouille,
Leurs têtes de bouffons battront les marguerites,
Forceront le soleil jusqu’à ce qu’il s’écroule
Et la mort n’aura point d’empire.

Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

And death shall have no dominion.
Dead men naked they shall be one
With the man in the wind and the west moon;
When their bones are picked clean and the clean bones gone,
They shall have stars at elbow and foot;
Though they go mad they shall be sane,
Though they sink through the sea they shall rise again;
Though lovers be lost love shall not;
And death shall have no dominion.

And death shall have no dominion.
Under the windings of the sea
They lying long shall not die windily;
Twisting on racks when sinews give way,
Strapped to a wheel, yet they shall not break;
Faith in their hands shall snap in two,
And the unicorn evils run them through;
Split all ends up they shan’t crack;
And death shall have no dominion.

And death shall have no dominion.
No more may gulls cry at their ears
Or waves break loud on the seashores;
Where blew a flower may a flower no more
Lift its head to the blows of the rain;
Though they be mad and dead as nails,
Heads of the characters hammer through daisies;
Break in the sun till the sun breaks down,
And death shall have no dominion.

(in Twenty-Five Poems, 1936)

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