Giovanni Cotta (vers 1480 – 1510) : Regards amoureux

Qui est Giovanni Cotta ?


« Quelque objet, fût-ce rien, que mes regards discernent,
T’ai-je dit, c’est à toi, toujours, qu’ils me ramènent.
– Je serais, m’as-tu dit, bien sotte de te croire :
L’amour est coutumier de ces calembredaines !
– Tu ne me crois donc pas ? Tu ne crois pas qui t’aime ?
Ma belle Lycoris, alors crois-en tes yeux :

Porte plus près ta bouche et la colle à ma bouche
Puis fixe tes regards sur les miens. Que je meure
Si comme en un miroir tu ne t’y perçois point :
De sorte que mes yeux te ramènent à toi.
Donne à ces yeux, dès lors, les bécots qu’ils méritent :
Je te donnerai, moi, où je veux un baiser. »


Sive aliquid, seu forte nihil mea lumina cernunt,
         Dixi ea te semper, vita, referre mihi.
« Stulta ego sim, dixti, si credam talia: amantes
         Talia fallaces fingere multa solent ».
Ergo non credis mihi? non mihi credis amanti?
         At, formosa, oculis crede, Lycori, tuis.

Tu propius nostris tua firmes oribus ora,
         Inque meis figas lumina luminibus.
Dispeream nisi, ut in speculo te te ipsa tueris,
         Sic oculi referent te tibi, vita, mei.
Quod si ita sit, meritis tum tu des oscula ocellis;
         Ipse, ubi mi libeat, dem tibi basiolum.

(in Ioannis Cottæ Ligniacensis carmina recognita, et aucta, éd. J. Morelius, Bassan, 1802, pp. 40-41)

Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

%d blogueurs aiment cette page :