Fleurs, suave beauté de cette heureuse terre,
Où mollement s’appuie son flanc de jeune fille
– Jeune fille, supplice agréable à mon cœur !
Vallées qui recueillez sa voix mélodieuse
Et gardez de ses pieds tendrelets les empreintes ;
Arbustes, dont Titan, qui mûrit les moissons,
Protège de ses coups ardents la ramée drue,
Troène où marjolaine odorante se mêle,
Forêt feuillue qu’errant malmène le soleil,
Cherchant en sa colère à la percer de traits ;
Doux rivage ; ruisseau aux ondes cristallines
Mouillant son beau visage et l’astre de ses yeux,
Et qui brille plus pur de leur claire lumière :
Ah, puissent en rival me toucher vos bonheurs !
Vous n’aurez bientôt plus ni pierre, ni colline
Qui n’apprenne à brûler des feux qui me consument.
Flores beatae, dulce telluris decus,
Quibus puella molle reclinat latus,
Puella cordis lene tormentum mei:
Vallis canoros illius captans sonos,
Servas tenelli quae pedis verstigia:
Arbusta, quorum dum coquit Titan sata,
Excludit ictus spissa fervidos coma,
Ligustra mista suaveolenti amaraco,
Comata silva, sol vagus quam verberans
Penetrare telis irritus tentat suis:
Suavis ora : rivule undis vitreis
Vultum nitentem, et astra tingens lucida,
Claraque eorum luce purius micans:
Ut ipse vestris aemulus tangar bonis !
Jam nulla vobis saxa, nulla erunt juga,
Ardere quae non ignibus discant meis.
(in Carmina illustrorum poetarum italorum tomus nonus [1722] p. 370 )
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.