Chaudasse de cambuse ! ‒ Et vous, les cambusiers
‒ C’est la neuvième après « Aux frères à bonnets » ‒,
Vous croyez-vous donc seuls à avoir une pine,
Et seuls autorisés à fourrer de belettes
Tout ce qu’on peut trouver ‒ les autres, c’est des boucs ?
Ou croyez-vous qu’assis les uns contre les autres,
À cent, deux cents couillons, je n’aurais pas le cran
D’entuber coup sur coup vos deux cents culs-de-plomb ?
Croyez, mais croyez donc ! ‒ Je vais vendre la mèche,
Charbonner le devant de toute la cambuse :
Car ma belette à moi, qui a fui mes serrages,
« Plus aimée que jamais nulle autre ne sera »*,
Et pour qui j’ai mené de si rudes batailles,
Y crèche. « Bonnes gens », vous êtes, et « heureux »,
« Tous vous l’aimez » : de fait, vous n’êtes qu’une bande
D’infâmes bons à rien, de coureurs de ruelles.
‒ Et toi surtout, seul fils, au milieu des tignasses,
De la Celtibérie qui abonde en lapins,
Egnatius, « bel homme » à la barbe touffue,
Et aux dents récurées à l’urine ibérique.
* Citation, de forme légèrement différente, d’un autre poème (8, vers 5) de Catulle.
Salax taberna uosque contubernales,
a pilleatis nona fratribus pila,
solis putatis esse mentulas uobis,
solis licere, quidquid est puellarum,
confutuere et putare ceteros hircos?
an, continenter quod sedetis insulsi
centum an ducenti, non putatis ausurum
me una ducentos irrumare sessores?
atqui putate: namque totius uobis
frontem tabernae scipionibus scribam.
puella nam mi, quae meo sinu fugit,
amata tantum quantum amabitur nulla,
pro qua mihi sunt magna bella pugnata,
consedit istic. hanc boni beatique
omnes amatis, et quidem, quod indignum est,
omnes pusilli et semitarii moechi;
tu praeter omnes une de capillatis,
cuniculosae Celtiberiae fili,
Egnati. opaca quem bonum facit barba
et dens Hibera defricatus urina.
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.