Lorenzo Gambara (1495-1585) : Sept quatrains sur les fontaines des jardins Farnèse à Caprarola


Lorsque la Chèvre épand sur ces feuilles l’ondée,
Qu’aux jaspures d’Iris l’onde sert de miroir :
On sait d’où vient qu’au ciel Jupiter l’a placée
Comme astre de la pluie, et qu’il la fait pleuvoir.


« Je le cède, étrangère, aux eaux de Castalie,
L’emportant sur toute eau, quels qu’en soient les confins ;
Et puisse sur le marbre adornant les bassins,
L’emporter cet ouvrage où j’ai mon effigie. »


« Moi Thaumas qui jadis hantais la Tyrrhénée,
J’habite un antre aimable au sein de monts ombreux,
Et verse par ma bouche une onde douce, heureux
D’avoir délaissé flots et demeure salée. »


« À cette nouvelle eau, roches proches quittées,
Pour mon maître j’unis de Capène les vins,
Quand le vent court, privant de dîners aux jardins,
Ou quand tombent du ciel, noires, les giboulées. »


« Pénètre, voyageur, l’abri des bois feuillus,
Où l’ombre sur la source est doucement à l’œuvre.
Bois, dors en ces forêts : car il n’y a pas plus
Dans l’herbe de serpent que dans l’eau de couleuvre. »


« Reste au loin, voyageur, de ces eaux qui sont miennes,
Et si du sang salit tes mains : n’y touche pas.
Si mon onde se mêle à plaisir aux étrennes
De Bacchus, elle hait l’âpre vin des soldats. »


« Moi, Cimina, connue entre toutes les nymphes,
J’enfante des lis bleus que j’abreuve de lymphes.
Car mon maître les aime et porte à son blason
Des lis couleur d’azur en très vieil écusson. »


Cum folia hæc inter jaculatur Capra liquores,
__Atque Irim vario lympha colore refert;
Non mirum, hanc caelo sidus pluviale locavit
__Juppiter, & pluvias fundere posse dedit.


Quam nos Castalio fonti concedimus hospes,
__Tam fontis cedit quælibet unda mihi.
Ars decorat structos si quos e marmore fontes,
__Huic operi, & nostris cedat imaginibus.


Ipse ego Tyrrheni quondam maris incola Thaumas,
__Nunc placida umbrosis collibus antra colo,
Et dulces lymphas effundere laetor ab ore,
__Et freta, & æquoreas deseruisse domos.


Vicinas liqui rupes, ut fonte recenti
__Miscerem domino vina Capena meo
Cum prohibent hortis vaga flamina ponere mensas,
__Aut niger e cælo cum cadit imber aquae.


Frondosis nemorum latebris succede viator,
__Qua fontis latices non gravis umbra tẹgit.
Mox bibe, et his silvis somnum cape; nam, per herbam
__Vipera non errat, nec latet anguis aqua.


Hos latices ne accede meos, nec tange viator,
__Sanguine foedata est si tua dextra manus.
Nostrae etenim lymphae Bacchi gratissima miscent
__Numera, non saevi pocula Martis amant.


Sum Cimina ante alias fama notissima nymphas
__Caerula quae in lucem lilia sola rigo.
Namque amat hæc dominus, clypeoque insigne vetustum
__Lilia caeruleo picta colore gerit.

(in Laurentii Gambarae Brixiani poemata [1559] pp. 38-39)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

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