Quand je t’aimais Sirène en mer des Caraïbes…


Quand je t’aimais Sirène en mer des Caraïbes,
la méduse opaline attifait le corail
en épouvante aux plies goulues de ton soleil
– et s’y gavait ma bouche en source d’écriture
foulant aussi les blés à longs pas de bleuets,
j’y prenais ma goulée de tendre eau galopante
(en vérité grand bleu : c’est moisson d’onde équestre),
hippocampe absolu ; pâmoison dans les vagues :
l’un tranchait les épis d’un ciseau de ses jambes,
l’autre disait l’orgasme en crissant sur le sable.


Dans un désir de pluie, je trayais à ma paume
les fleuves les plus bleus et plus soyeux que sang
– c’est mer de feu qu’un cœur percutant ses marées,
en mes veines tambour et toi qui le battais,
tam-tamant dans mon bleu sur la peau de mes eaux ;
l’écho fusait aux doigts comme étoile bruissante
maculant toutes nuits les jours mal fagotés
en vrac dans ma fournaise : en faisceaux les soleils, 
canne en pleurs sur haquets se hâtant vers le rhum.


Je pommelais pour toi le grand bleu supérieur,
mes draps mis à sécher sur des ciels de printemps
froufroutaient au tympan des pluies, oreilles drues
créolées arc-en-ciel (quand ça sourdait du sol
à bonds de sang tel oiseau gourd soudain vivant
hors des taillis) : et mes chevaux d’aller leur amble
écartelé sur l’horizon, quelque étoile au frontail
en ferronnière ou œil-cyclope et qui mirait,
m’Amour, nos cœurs couvés dans le nid des pétrels.

(Extraits de Disparue Caraïbe, première publication
dans la revue Parasites, n° 3, automne 2004)

 

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