Toi dont le vit fait peur aux gars, la faux aux tantes,
Aie à l’œil ce lopin qu’isolent toutes sentes :
En ton clos, de voleurs, n’entreront pas de vieux,
Mais des minets, et des beautés aux longs cheveux.
Petite glose : Ce texte est incompréhensible (ce qui pose la question de sa réception contemporaine) sans un minimum de culture latine. Il s’agit d’une adresse à Priape, dieu gardien des jardins et des troupeaux, traditionnellement représenté dans l’état considérable qu’on lui voit sur la statuette ci-dessus, censé décourager les voleurs de tout larcin, leur punition passant par l’usage actif de cette démesure – laquelle pourrait agréer à certains (les cinaedi, que je traduis par les tantes), mais qui seront alors chassés à coups de faux, autre attribut traditionnel du dieu.
Comme toujours dans les échanges hommes-dieux dans l’Antiquité gréco-romaine, la requête relève du donnant-donnant : « Si tu protèges mon potager qui, à l’écart des autres champs, est facile à marauder, je prierai pour que seules pénètrent en tes propres jardins de jeunes et belles personnes, auxquelles il te sera, plus qu’à de vieilles, agréable de faire subir le sort qu’elles auront mérité. »
Tu qui pene viros terres et falce cinaedos,
__Jugera sepositi pauca tuere soli.
Sic tua non intrent vetuli pomaria fures,
__Sed puer et longis pulchra puella comis.
(in Epigrammaton liber VI, 16)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.