Maria Luise Weissmann (1899-1929) : La bouche amoureuse


Je m’approchai, pareille au dévot que convie
Le pain béni, ma bouche exhalant le désir.
Plaie ouverte à tes yeux ! et toi de la bannir
Sans rien pour apaiser le croît de son envie :

Et de te gausser d’elle, assumant abondance
De suc et de provende, ô plus amer des fruits,
Amer entièrement ! La bouche, qui t’a pris
Une fois dans sa flamme aspire à ton outrance

De miel et d’amertume ; et prête à se livrer
À toute expérience, elle vient, assoiffée,
S’aboucher à ton être, et prendre et s’abreuver,

Te quitter et souffrant d’un si complet tourment,
Que, brûlant, d’elle-même, ainsi que possédée,
Nouvelle, elle y revient, perpétuellement.


Ich nahte mich, wie einem frommen Brot
Ein Pilger naht, mit sehnsuchtvollem Munde.
Du stießest ihn, Dir aufgetane Wunde,
In eine tiefre nie gestillte Not:

Du höhntest ihn mit übernommner Hülle
Von Saft und Speisung, bitter bis zum Rand,
O bittre Frucht! Der Mund, der Dich im Brand
Einmal empfing, sieh, er verlangt die Fülle

Von Bitterkeit wie Süße; widersteht
Keiner Erfahrung mehr: Er kommt und mündet
Dürstend in Dich und nimmt und trinkt und geht

Von Dir und ist so ganz mit Schmerz versehrt,
Daß er wie ein Beseßner sich entzündet
Neu aus sich selbst und endlos wiederkehrt.

(in Mit einer kleinen Sammlung von Kakteen, 1926)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

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