René Schickele (1883-1940) : Gratte-ciels / Wolkenkratzer

Qui est René Schickele ?

Voici ce que je vis. Sur les dunes désertes
où la grande ville a vomi les carcasses de monstres abjects
ressemblant nus, pelés, à des théâtres calcinés montrant
des vices tristes et confus, tout à coup s’élevèrent
de nouveaux gratte-ciels échafaudés de vingt étages
et je marchais dans une rue blafarde
et m’enfonçais dans un puits noir.

Dans le ciel vert et bleu, tout en haut,
des walkyries de pierre au sortir des pignons tendaient leurs membres,
gigantesques oiseaux, chimères d’un qui dans sa chair se croit persécuté,
pendaient inanimés et – paradisiaque bain de vapeur d’une Psyché ! –
comme je regardai une nouvelle fois, elles firent afflux, respirant lourdement,
crépuscules cléments, dans le ciel.


Dieses sah ich. An den wüsten Dünen,
drauf die Großstadt die Gerippe ekler Ungeheuer ausgespien,
die nackt und grindig stehn wie ausgebrannte Bühnen
trauriger, vertrackter Laster, ragten plötzlich
zwanzigstöckig die Gerüste neuer Wolkenkratzer,
und ich schritt auf blasser Straße
tief in einem dunkeln Schacht.

Im blau und grünen Himmel, ganz hoch oben,
reckten aus den Giebeln steinerne Walküren ihre Glieder,
Riesenvögel, Traumgebilde eines, den der fleischliche Verfolgungswahn befiel,
hingen unbewegt, und — paradiesisch Dampfbad einer Psyche! —
da ich wieder aufsah, strömten sie, schweratmend,
milde Abendröten in den Himmel.

(in Verkündigung, Anthologie junger Lyric , 1921)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

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