Qui est Ivan Goll ?
Cet homme se tenait à la barrière, ah, si abandonné,
Faisant profondément patience sous son ciel !
Derrière lui, toutes les routes, tout midi :
Tout qui devait attendre le passage de mon train, le train de la mélancolie !
Ah, comme si le monde entier n’était qu’à mon service, ne faisait que m’attendre avec humilité.
Comme si j’étais l’empereur, une tempête ou un destin,
Grondant et ordonnant : personne pour oser ne fût-ce que sourire ! Que sourire !
Mais cet homme (il tenait en ses mains quelque chose de rouge)
Me vit décroître en m’éloignant dans l’horizon profond, en m’éloignant sans fin,
L’ami à jamais inconnu ! Ce fut comme s’il levait la main,
Qu’il me lançât son cœur sanglant à la va-vite.
Jener Mann an der Barriere stand, ach so verlassen,
Tief geduldig unter seinem Himmel!
Alle Straßen hinter ihm, der ganze Mittag:
Alles mußte warten, bis mein Zug vorbei, der Zug der Sehnsucht!
Ach, als wär die ganze Welt, nur mir zu dienen, mir in Demut aufzuwarten.
Als ob ich der Kaiser wär, ein Sturm, ein Schicksal,
Brausend und befehlend; wagte keiner, nur zu lächeln! Nur zu lächeln!
Aber jener Mann (mit einem roten Ding in Händen)
Sah mich schwinden hin in tiefe Horizonte, hin unendlich,
Ewig unbekannter Freund! Da war’s, als höbe er die Hand,
Als würf er mir sein blutend Herz schnell nach.
(in Verkündigung : Anthologie jünger Lyrik, 1921)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.