Qui est Gottfried Benn ?
Sur chaque table : deux. Des mortes et des morts,
en croix. Proches et nus, sans rien qui les opprime.
Crâne béant. Thorax écartelé. Les corps
enfantent désormais leur occurrence ultime.
Chacun trois pleins baquets : des couilles au cerveau.
Et le temple de Dieu et l’étable du diable
thorax contre thorax désormais dans un seau
raillent le Golgotha, les ancêtres peccables.
Le reste gît dans des cercueils. Purs nouveau-nés :
jambes d’homme, thorax d’enfants, tifs de rombière.
Ceux d’un couple je vis, des baiseurs acharnés,
c’était là, qu’on eût cru sorti d’un corps de mère.
Auf jedem Tisch zwei. Männer und Weiber
kreuzweis. Nah, nackt, und dennoch ohne Qual.
Den Schädel auf. Die Brust entzwei. Die Leiber
gebären nun ihr allerletztes Mal.Jeder drei Näpfe voll: von Hirn bis Hoden.
Und Gottes Tempel und des Teufels Stall
nun Brust an Brust auf eines Kübels Boden
begrinsen Golgatha und Sündenfall.Der Rest in Särge. Lauter Neugeburten:
Mannsbeine, Kinderbrust und Haar vom Weib.
Ich sah von zweien, die dereinst sich hurten,
lag es da, wie aus einem Mutterleib.
(in Morgue, 1912)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.