Qui est Gottfried Benn ?
Le couronnement de la création, le cochon, l’homme — :
occupez-vous donc d’autres animaux !
À dix-sept ans morpions
allant venant parmi mufles sales,
maladies d’intestins, pensions alimentaires,
pépées et infusoires,
à quarante ans la vessie commence à fuir — :
c’est autour, croyez-vous, de pareils bulbes que la terre a crû
de soleil à la lune — ? C’est quoi donc, vos cris ?
Vous parlez d’âme — C’est quoi, votre âme ?
La vieille conchie nuit après nuit son lit —
le vieux s’oint des cuisses blettes,
et vous tendez de la boustifaille à vautrer dans les tripes,
les astres, croyez-vous, spermeraient de bonheur… ?
Eh ! — d’un boyau refroidissant
la terre a craché haut, comme du feu par d’autres trous,
une muflée de sang — :
ça flageole
en retombant courbé
suffisant parmi les ombres.
Die Krone der Schöpfung, das Schwein, der Mensch —:
geht doch mit anderen Tieren um!
Mit siebzehn Jahren Filzläuse,
zwischen üblen Schnauzen hin und her,
Darmkrankheiten und Alimente,
Weiber und Infusorien,
mit vierzig fängt die Blase an zu laufen —:
meint ihr, um solch Geknolle wuchs die Erde
von Sonne bis zum Mond —? Was kläfft ihr denn?
Ihr sprecht von Seele — Was ist eure Seele?
Verkackt die Greisin Nacht für Nacht ihr Bett —
schmiert sich der Greis die mürben Schenkel zu,
und ihr reicht Fraß, es in den Darm zu lümmeln,
meint ihr, die Sterne samten ab vor Glück…?
Äh! — Aus erkaltendem Gedärm
spie Erde wie aus anderen Löchern Feuer,
eine Schnauze Blut empor —:
das torkelt
den Abwärtsbogen
selbstgefällig in den Schatten.
(in Fleisch. Gesammelte Lyrik, 1917)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.