Qui est Gottfried Benn ?
Elle me colle, la douceur corporelle,
Comme une plaque sur les bords du palais.
Ce qui tremblait de sucs et de chair blette
Autour des os calcaires,
Mitonne avec sueur et lait dans mes narines.
Je sais l’odeur de putains et madones
Après la selle et au matin à leur éveil
Et pendant les marées de leur sang –
Et des messieurs viennent me consulter
Dont le sexe est envahi :
La femme pense être fécondée,
Élevée en colline de dieu,
Mais l’homme a sa cicatrice.
Son cerveau braconne sur une steppe de brume
Et sans bruit son sperme tombe.
Je vis devant le corps : et au milieu
Partout les parties honteuses collent. De là le crâne
Qui sent aussi. Je gage : un jour
Iront la fente et le gourdin
Bâiller au ciel sortant du front.
Mir klebt die süße Leiblichkeit
Wie ein Belag am Gaumensaum.
Was je an Saft und mürbem Fleisch
Um Kalkknochen schlotterte,
Dünstet mit Milch und Schweiss in meine Nase.
Ich weiss, wie Huren und Madonnen riechen
Nach einem Gang und morgens beim Erwachen
Und zu Gezeiten ihres Bluts –
Und Herren kommen in mein Sprechzimmer
Denen ist das Geschlecht zugewachsen:
Die Frau denkt, sie wird befruchtet
Und aufgeworfen zu einem Gotteshügel,
Aber der Mann ist vernarbt.
Sein Gehirn wildert über einer Nebelsteppe
Und lautlos fällt sein Samen ein.
Ich lebe vor dem Leib: und in der Mitte
Klebt überall die Scham. Dahin wittert
Der Schädel auch. Ich ahne: einst
Werden die Spalte und der Stoß
Zum Himmel klaffen von der Stirn.
(in Fleisch. Gesammelte Lyrik, 1917)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.