— I —
Je roule ; le soir tombe ; Minnesota.
Les chaumes captent l’ultime croît de soleil.
Le soja respire de toutes parts.
Des vieux sont assis devant chez eux sur des sièges d’auto
Dans les petites villes. Je suis heureux,
La lune se lève sur les cabanes à dindes.
— II —
Le petit monde de la voiture
Plonge parmi les champs profonds de la nuit,
Sur la route de Willmar à Milan.
Cette solitude couverte de fer
Avance parmi les champs de la nuit
Pénétrés par le bruit des grillons.
— III —
Près de Milan, soudain un petit pont,
De l’eau agenouillée dans le clair de lune.
Dans de petites villes, on construit sans creuser les maisons ;
La lumière des phares s’affale sur l’herbe.
Quand j’arrive à la rivière, la pleine lune la recouvre.
Un groupe parle, bas, dans un bateau.
— I —
I am driving; it is dusk; Minnesota.
The stubble field catches the last growth of sun.
The soybeans are breathing on all sides.
Old men are sitting before their houses on car seats
In the small towns. I am happy,
The moon rising above the turkey sheds.— II—
The small world of the car
Plunges through the deep fields of the night,
On the road from Willmar to Milan.
This solitude covered with iron
Moves through the fields of night
Penetrated by the noise of crickets.— III —
Nearly to Milan, suddenly a small bridge,
And water kneeling in the moonlight.
In small towns the houses are built right on the ground;
The lamplight falls on all fours on the grass.
When I reach the river, the full moon covers it.
A few people are talking, low, in a boat.
(in Silence in the Snowy Fields [1962])