Catulle (Poèmes, VI) : Les Amours de Leblond

Tu aimerais, Leblond, me confesser
tes flirts – d’ailleurs, peux-tu me les cacher ? –
sauf les vilains, qui manquent d’élégance.
Mais toqué de je ne sais quelle rance
gourgandine, tu préfères te taire.
Tes nuits, c’est sûr, ne sont pas solitaires :
ta couche, pas si muette, s’en récrie,
garnie de fleurs et d’huile de Syrie,
et les coussins, les oreillers, çà, là,
éventrés, ton lit qui, cahin-caha,
bien enroué, brimbale de guingois.
De tout cela, parle sans tapinois.
Tu n’étalerais pas, fourbus de baise,
tes flancs, sans être la proie de fadaises :
du bien, du mal, fais-moi donc tes aveux.
Ta chérie et toi, je vous veux tous deux
par quelques jolis vers porter aux cieux.

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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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Flavi, delicias tuas Catullo,
ni sint illepidae atque inelegantes,
velles dicere nec tacere posses.
verum nescio quid febriculosi
scorti diligis: hoc pudet fateri.
nam te non viduas jacere noctes
nequiquam tacitum cubile clamat
sertis ac Syrio fragrans olivo,
pulvinusque peraeque et hic et ille
attritus, tremulique quassa lecti
argutatio inambulatioque.
nam in ista praevalet nihil tacere.
cur? non tam latera ecfututa pandas,
ni tu quid facias ineptiarum.
quare, quidquid habes boni malique,
dic nobis. volo te ac tuos amores
ad caelum lepido vocare versu. 

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