
Église de Saint-Pierre (Brocas, 40420) : voûte étoilée
Tout l’art de Neckam, poète de son temps : pensée sinuant parmi les mots
savamment répétés (une orchestration de miroirs), système d’émulations (aemulationes),
au sens donné au terme par Michel Foucault, confèrent au poème sa cohérence interne
de même que pareille cohérence est donnée par le Créateur à l’univers.
La main du Tout-Puissant orna d’astres le ciel
‒ Je le vois qui s’amuse à disposer les astres.
Ciel et monstres ? ‒ Voici des constellations :
Serpent et Scorpion, Ourse, Lion, sont astres.
Jaloux, tu es Serpent ; Perfide : scorpion,
Féroce, tu es Ours ; Colérique : lion.
Renonce au vieux péché, deviens astre brillant
– La main de Dieu se plaît à ces métamorphoses.
Les prairies, étoilées, se confrontent au ciel,
La terre entre en concours, s’orne d’étoiles propres.
La nature, enhardie, se confronte à soi-même,
Enseigne aux fleurs comment égaler les étoiles,
Heureuse de pouvoir, vaincue ou vainquant, vaincre,
Et de plier genou devant son créateur.
Caelum sideribus ornavit dextra potentis,
___Sidera disponens ludere visa mihi.
Quid caelo et monstris ? varias ibi cerne figuras,
___Sidera sunt anguis, scorpius, ursa, leo.
Anguis es invidia, vel scorpio proditione,
___Ursus saevitia, sive tumore leo.
Sidus eris fulgens, veteres si deseris actus ;
___Dextrae divinae morphosis ista placet.
En stellata volunt caelo contendere prata,
___Ornatur stellis aemula terra suis.
Audet naturae virtus contendere secum,
___Dum flores stellis aequiparare studet.
Victa sed et victrix gaudet se vincere posse,
___Auctori flexo poplite grata suo.
(in De laudibus divinae sapientiae, IV, vers 368-381)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
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