Martial (40-104 ap. J.-C.) : Lydie a un gros cul

Qui est Martial ?

Lydie a la largeur d’un cul de rosse en fer,
Du rapide cerceau dont l’airain sonne clair,
Du cercle où, sans toucher, se coule l’acrobate¹,
Du vieux soulier trempé que la gadoue empâte,
Des rets serrés guettant l’ortolan migrateur,
De l’auvent que le vent refuse au spectateur²,
Du bracelet tombé d’une lope phtisique,
Du matelas crachant sa bourre leuconique³,
Des ancestrales braies d’un Breton miséreux,
À Ravenne, du sac du pélican hideux.
Je l’ai, dit-on, baisée en piscine marine :
Mettons que j’ai baisé, mais c’était la piscine.

¹ : Le texte latin n’est guère explicite. Il fait sans doute référence à un tour d’adresse où un acrobate passait au travers, sans y toucher, d’un cercle suspendu.
² : Il s’agit de la toile dont, dans les théâtres en plein air, on couvrait les spectateurs pour les protéger du soleil. En cas de vent (Martial cite précisément le Notus), on ne pouvait la déployer.
³ : Du pays des Leuques, correspondant peu ou prou à l’actuelle Moselle. Ce peuple gaulois était réputé pour ses peausseries et pour ses laines.

Lydia tam laxa est equitis quam culus aheni,
__quam celer arguto qui sonat aere trochus,
quam rota transmisso totiens inpacta petauro,
__quam vetus a crassa calceus udus aqua,
quam quae rara vagos expectant retia turdos,
__quam Pompeiano vela negata Noto,
quam quae de pthisico lapsa est armilla cinaedo,
__culcita Leuconico quam viduata suo,
quam veteres bracae Brittonis pauperis, et quam
__turpe Ravennatis guttur onocrotali.
Hanc in piscina dicor futuisse marina.
__Nescio; piscinam me futuisse puto.

(in Epigrammaton liber XI, 21)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

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