Galla comme figure de la femme inflexible, mais d’une si grande beauté qu’elle transforme en brasier tous ses soupirants. Lieu commun de la poésie baroque de la Renaissance, dont on trouve de nombreuses illustrations : chez Girolamo Angeriano, par exemple et pour ne citer que lui (la farouche se prénommant, dans son Erotopaegnion [1512 ], Célie / Celia, mais il s’agit du même archétype).
D’où vient le froid ?
En revêtant hier soir ta pelisse de lynx,
Tu croyais échapper, Galla bécasse, au froid.
Las ! Ne te mordent froids d’hiver ni brumes froides :
C’est d’un froid du dedans que ton sang se transit.
Nulle force ne peut rompre la glace interne
Si Vénus ne la rompt de son feu dévorant.
*
Idylle champêtre
De chasse aux lièvres lasse et de la chasse aux fauves,
Galla prend son repos près d’un babil d’eaux fraîches.
Vous autres, chênes verts, tissez-lui l’ombrelette,
Toi, fontaine sacrée, cours à glouglous chantants :
Et que le miel d’Hyblée coule de votre écorce,
Et que coule du lait de ta roche native.
*
Un sablier
Cette poudre qu’on voit scinder le temps sous verre,
Courant et recourant dans l’étrécissement,
Fut Alcippe, jadis : les yeux vus de Galla,
Il prit flamme et soudain par ce feu devint cendre.
Ô cendre sans repos, prouvant qu’à ton instar
Aux amants malheureux il n’est point de repos !
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Ces traductions originales, dues à Lionel-Édouard Martin, relèvent du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de les diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
Ad Gallam
Hesterno indueres cum vespere tegmina lyncis,
Credideras amens, Galla, fugasse gelu.
Heu te non hiemis, non brumae frigora laedunt,
Sed tuus interno frigore sanguis hebet.
Nec potis est glaciem vis ulla arcere medullis,
Tam rapido cum non arceat igne Venus.*
De eadem
Venatu leporum, venatu lassa ferarum
Murmur ad irriguae Galla quiescit aquae.
Texite vos illi virides umbracula quercus,
Tu sacer arguto labere fons strepitu.
Sic iterum Hyblaei vobis e cortice rores :
Sic tibi nativo lac fluat e lapide.*
De horologio pulvereo
Perspicuus vitro pulvis qui dividit horas,
Dum vagus angustum saepe recurrit iter,
Olim erat Alcippus, qui Gallae ut vidit ocellos
Arsit, et est subito factus ab igne cinis.
Irrequiete cinis, miseros testabere amantes,
More tuo, nulla posse quiete frui.
(in Carmina illustrium poetarum italorum tome I [Florence, 1719] pp. 142 – 144)
* * *
Une autre épigramme de Girolamo Amalteo sur ce blog :