Christian Morgenstern (1871-1914) : Chant printanier d’un confrère de potence / Galgenbruders Frühlingslied

Qui est Christian Morgenstern ?

C’est aussi le printemps dans notre sapinière¹,
ah, l’heureuse saison !
Une tigelle cherche à joindre la lumière
sortant d’un trou de ver fait dans la frondaison.

Il y aura bientôt balançoire par-ci,
il y aura bientôt, et par-là, balançoire.
Cela me remettrait presque dans la mémoire
celui que j’ai été, et que plus je ne suis…

¹ : L’allemand parle de « copeau », de « bout de bois ». J’assume de traduire par « sapinière » pour la rime et en référence à l’expression (qui certes ajoute au sens du texte initial) « sentir le sapin ».

Es lenzet auch auf unserm Span,
o selige Epoche!
Ein Hälmlein will zum Lichte nahn
aus einem Astwurmloche.

Es schaukelt bald im Winde hin
und schaukelt bald drin her.
Mir ist beinah, ich wäre wer,
der ich doch nicht mehr bin..

(in Galgenlieder [1905])


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

Christian Morgenstern (1871-1914) : Le mouton de lune / Das Mondschaf

Qui est Christian Morgenstern ?

Le mouton de lune est dans un grand parc.
Il l’attend, l’attend, la tonte totale.
Le mouton de lune.

Le mouton de lune arrache un brin d’herbe
puis repart chez lui dessus son alpage.
Le mouton de lune.

Le mouton de lune en rêve se parle :
« C’est, de l’univers, moi l’espace noir. »
Le mouton de lune.

Le mouton de lune au matin gît mort.
Son cadavre est blanc, le soleil est rouge.
Le mouton de lune.


Das Mondschaf steht auf weiter Flur.
Es harrt und harrt der großen Schur.
Das Mondschaf.

Das Mondschaf rupft sich einen Halm
und geht dann heim auf seine Alm.
Das Mondschaf.

Das Mondschaf spricht zu sich im Traum:
»Ich bin des Weltalls dunkler Raum.«
Das Mondschaf.

Das Mondschaf liegt am Morgen tot.
Sein Leib ist weiß, die Sonn ist rot.
Das Mondschaf.

(in Galgenlieder [1905])


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

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