
L’Homme formé par Prométhée et animé par Minerve (Jean-Simon Berthélémy, 1802)
J’étais naguère encor chaos informe et noir :
Mais Dieu fit de la tête un signe – et démêlant
____L’amas confus, me mit son souffle
____En l’âme et son feu dans le sang.
L’eau vint s’adjoindre ensuite aux passions fluides,
Et s’adjoindre la terre inerte au corps inerte :
____Parfois quelque figeante crainte
____Fut à l’image de l’hiver,
Et la verte espérance à l’image d’avril.
Cette dernière année, l’été n’a point failli,
____Ferveur et feu de mon esprit
____Ramenant l’estivale flamme.
Ce n’est donc point l’automne encore ! – Hélas, pourquoi,
Pourquoi vouloir qu’il tarde, ô fou ? Puisse l’automne,
____Riche du fruit de mon travail,
____Me conférer l’éternité !
(in Opere di Vicenzio (sic) da Filicaja Senatore Ferentino [1817] tomo secondo, p. 21)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
https://lionel-edouard-martin.net/2015/11/24/vincenzo-da-filicaja-1642-1707-sur-sa-creation-de-creatione-sua/
Bonsoir Lionel-Édouard,
Je suis absolument admiratif du travail que vous fournissez ici et des traductions que vous produisez d’une façon si brillante (et désintéressée), en supplément donc de celle que j’ai d’emblée pour l’élégance du littérateur qui, sachant la vanité qui consisterait à tirer profit, désormais, de toute pièce de prose ou de vers qui ne soit que fragmentaire, la met à disposition gratuitement… On trouve beaucoup de ce genre d’élégance ici, et bien d’autres dans vos traductions, qui vont d’abord puiser là où il faudrait boire plus souvent, même sans une soif mordante de classicisme ou d’Antiquité (que j’ai trop peu, certainement) ! Le choix du corpus aussi est édifiant et vos critiques d’ouvrages contemporains… d’utilité publique ! J’aimerais comprendre la latin comme vous, je n’ai pas ce privilège (ni celui des études), alors je me range sagement du côté des lecteurs enthousiastes qui suivent ce journal sans commenter telle ou telle assonance, l’orthodoxie de tel ou tel usage rare, étant bien moins éclairé que vous, par une lumière plus ténue de toute évidence… mais je vous remercie pour ces efforts savoureux, n’ayant moi-même pas ce bagage et cette érudition pour acquis. N’ayant pas les sous — ni la patience ! pardon… — d’acheter puis de lire vos livres, tant tout est affaire d’impatience et d’inachèvement dans le parcours bizarre qui m’a mené du berceau à cette page Web maintenant, je vous adresse sincèrement l’expression de la gratitude que j’ai pour vous lorsque vous ajourez mes nuits et ajournez un temps mon ennui. 🙂 Je me suis permis de reprendre un de vos travaux, la traduction de l’anglais du poème de Thomas, qui est lisible ici : https://dualias.fr/thomas/, sur mon propre site, que vous pourrez consultez si vous en ressentez l’envie (moteur capricieux, parfois, que l’envie…). Merci, bonne continuation ! J’espère que vous trouverez de la relève et de jeunes pratiquants éveillés dans ce bel artisanat. Peut-être moi un jour, qui sait ce que l’avenir réserve d’incongruités et de tournants imprévisibles ? Avec votre talent, ce serait… un destin qui me consolerait bien volontiers des entraves que mettent les impétuosités de la colère et de la maladie à quelque rayonnement des écrits d’étourdi que j’ai l’orgueil de commettre en ce drôle de temps, d’une drôle de jeunesse, tout aussi gratuitement, mais sans plus de succès que celui qui doit vous revenir — c’est justice ! Je continuerai à lire tous vos nouveaux articles avec plaisir. Alors merci !
Stanislas
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