Épitaphe du petit Otto
Petite urne et sur l’urne une pierre de peu
Se révèlent l’abri de bien peu de matière.
S’il se peut qu’aient durci des os aussi peu vieux
Les os d’un jeune enfant sont là, sous cette pierre.
Tout juste l’enfant né, le voici qui renaît :
Il put à peine vivre, et dut mourir bientôt.
On lui donna ce nom, comme la mort venait,
Qui paraît en ces mots : CI-GÎT LE JEUNE OTTO.
Épitaphe d’Osanna, morte en couches
Veux-tu, lecteur, savoir, qui je fus, qui je suis ?
Je suis née demoiselle, et cendre me voici.
Fidèle à mon mari comme à mes rejetons,
Je mourus accouchant d’un dixième poupon,
Poupon qui ne naquit comme on naît d’ordinaire :
De sa mère incisée, l’enfant se vit extraire
‒ Fut raison de ma mort celle d’être épousée.
J’étais femme de maire, Osanna prénommée.
Mais à quoi bon honneurs, biens, nombreux rejetons ?
Sois, Christ, en ma faveur, sois pour moi ma maison.
Urna brevis modicusque lapis superadditus urnae
signant materiam quod foveant modicam.
Quod premit iste lapis pueri sunt ossa tenelli,
si tamen una satis duruit ossa dies.
Paene fuit natus puer hic simul atque renatus ;
vivere vix potuit moxque mori meruit.
Quod tamen imposuit nomen properantia mortis
his pateat signis : Otto puer jacet hic.
Lector, quid fuerim, quid sim, si forte requiris,
nata puella fui ; sum modo facta cinis.
Conjugio favi tantummodo prolis amore.
Occubui decimum dum parerem puerum.
Nec puer antiquo nascendi nascitur usu :
caesa matre quidem filius extrahitur.
Causaque nubendi mihi causa fuit moriendi.
Consulis uxor ego, nomen Osanna mihi.
Sed quid honor, quid opes, quid prolis copia prodest ?
Christe, mihi prosis ; tu mihi mansio sis.
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